Allemagne / Ravensbrück

Légende

Vue aérienne du camp prise par les Alliés, 23 mars 1945. DR

Début : novembre 1938
Fin : avril 1945, "évacuations" / les troupes soviétiques libèrent le camp le 30 avril 1945

Environ 130 000 prisonnières sont passées par le camp ; 20 000 hommes
Environ 28 000 ou 29 victimes féminines et 2500 hommes.

« L’enfer des femmes » : c’est sous cette formule que Ravensbrück est entré dans l’histoire des camps de concentration nazis. Situé à proximité de Fürstenberg an der Havel, à environ 80 km au nord de Berlin, c’était le principal et, avec celui d’Auschwitz-Birkenau, le plus grand camp de femmes du système concentrationnaire nazi. Par ailleurs, le développement de ce camp au cours de ses presque six années d’existence (mai 1939-fin avril 1945) a donné naissance à un authentique complexe concentrationnaire. À côté du grand camp de femmes, il comprenait, à la fin de 1944 et au début de 1945, une cité manufacturière, avec des entreprises de textile appartenant à la SS, un petit camp d’hommes, le camp d’internement administratif de jeunes d’Uckermark, une filiale du groupe d’industrie électrique Siemens et Halske, avec le »camp Siemens« qui lui était rattaché, ainsi que treize camps satellites pour les prisonniers des deux sexes situés au nord-est du territoire du Reich.

Organisation et surveillance

Le premier commandant du camp fut le SS-Hauptsturmführer Max Koegel, d’abord à titre intérimaire, puis officiellement à partir du 1er janvier 1940. Après la mutation de Koegel au camp de concentration de Lublin/Majdanek en août 1942, l’ancien premier Schutzhaftlagerführer (commandant adjoint responsable de l’ordre) du camp de concentration de Sachsenhausen, le SS-Hauptsturmführer Fritz Suhren, assura le commandement du camp de Ravensbrück jusqu’à la fin avril 1945.[1]

La surveillance de ce grand camp de femmes présentait trois différences majeures par rapport à celle des camps d’hommes. La première, et la plus importante, était que la surveillance intérieure était exclusivement assurée par des gardiennes SS.[2] Entre le printemps 1942 et septembre 1944 et même en partie par la suite, Ravensbrück a été le principal camp de formation pour les gardiennes du système concentrationnaire en forte expansion. Une autre de ses caractéristiques est d’avoir eu recours bien plus précocement que les autres camps à des chiens de garde, notamment pour la surveillance des commandos de travail employés à l’extérieur de l’enceinte du camp. En revanche, les équipes masculines de SS chargées de la surveillance extérieure n’ont été affectées à Ravensbrück qu’au moment de la création du petit camp d’hommes en avril 1941.

 

Le complexe concentrationnaire

La construction du camp d’hommes a constitué une première extension. Ravensbrück est ainsi devenu, au sein du système des camps de concentration, la première camp hébergeant des détenus des deux sexes. Le camp d’hommes servait avant tout de réservoir de main-d’œuvre pour les incessants travaux d’agrandissement du complexe concentrationnaire. S’y ajouta jusqu’à la fin de 1942, la fonction de camp disciplinaire, marqué par un rythme de travail implacable, des sévices et des actes de violence entraînant fréquemment la mort. Les effectifs totaux des détenus masculins du complexe de Ravensbrück s’élevaient à 20 000. Parmi eux, 2 500 environ trouvèrent la mort dans ce camp.

Le « camp de jeunes » d’Uckermark, construit en juin 1942, relevait lui aussi de l’autorité du commandant du camp de concentration de Ravensbrück, situé au voisinage. Les conditions de vie des 1 200 détenues âgées de 18 à 21 ans ressemblaient beaucoup à celles du camp de femmes entre 1939 et 1941. Par sa fonction, ce « camp de jeunes » représentait une anticipation expérimentale, tout en servant de préparation méthodique à un programme raciste et social radical, qui aurait dû être appliqué après la « victoire finale ». Ce programme visait à désigner un certain nombre d’individus comme des « ennemis » de la « communauté du peuple » en vertu de critères plus ou moins flous, et à les tenir à l’écart ou à les « rééduquer » par un mélange de terreur et de travail forcé.

Le groupe berlinois d’électricité Siemens & Halske fut de loin la première entreprise privée à faire travailler des détenues, et également l’une des rares à installer une nouvelle usine  à proximité immédiate d’un camp de concentration (été 1942). En janvier 1945, le site de production de Siemens regroupait 20 ateliers dans lesquels quelque 2 300 détenues effectuaient du travail forcé. Cette entreprise, leader sur le marché de l’industrie électrique absolument essentielle pour l’économie de guerre allemande, avait déjà employé à Berlin des travailleurs forcés, juifs et autres. En ce sens, la filiale Siemens de Ravensbrück constitue un prolongement et une radicalisation progressive d’un modèle déjà éprouvé. La même observation s’applique à la majorité des établissements et entreprises qui apparurent au début de 1943 comme exploitants des camps satellites de Ravensbrück.

S’agissant de ces 42 camps satellites de Ravensbrück, il convient de souligner qu’ils se distinguaient considérablement par leur ordre de grandeur. Les détenues étaient principalement employées à la production, en particulier pour l’armement aérien et la fabrication de munitions de toutes sortes. Dans le cadre d’une restructuration fondamentale, Ravensbrück céda en septembre 1944 près de la moitié de ses camps satellites (20) ainsi qu’environ le tiers de l’ensemble des détenues (14 500) aux camps principaux les plus proches de chacun d’eux : Buchenwald, Flossenbürg, Sachsenhausen, Neuengamme et Mauthausen. Des documents d’époque révèlent que le travail forcé des détenues affectées à la production était très rentable pour les exploitants. En effet, les frais annexes étaient réduits à l’extrême et les entreprises pouvaient à tout moment renvoyer au camp central les détenues épuisées pour les échanger contre des « neuves ».

 

Camp de femmes

Avec un total de près de 123 000 détenues, le camp de femmes est resté pendant toute la durée d’existence du complexe concentrationnaire de Ravensbrück son plus grand secteur, et le plus important. Les détenues étaient originaires de toutes les régions d’Europe sous occupation allemande. Ventilées par nationalité, les Polonaises représentaient le plus gros contingent (40 000 femmes), suivies par quelque 25 000 femmes d’Union soviétique, environ 22 000 Allemandes et Autrichiennes, approximativement 9 000 Juives hongroises et un peu plus de 8 000 Françaises. Les chiffres d’admissions se présentent ainsi :

 

1939

1940

1941

1942

1943

1944

1945

1100[3]

2700

3600

7000

10 000

70 500

25 000

 

S’agissant des conditions de vie, l’histoire du camp de femmes peut se diviser en quatre phases, marquées par des chances de survie extrêmement disparates. Au cours de la première période, les conditions de logement, la nourriture et l’habillement sont décrits comme relativement supportables. La situation ne cessa en revanche de s’aggraver à partir de 1940/1941. Entre 1939 et 1942, la « vie quotidienne du camp » fut caractérisée par un ordre et une discipline militaires poussés jusqu’à l’absurde, ainsi que par les brimades arbitraires exercées par les gardiennes SS. Cependant, la terreur qui régnait au camp de femmes de Ravensbrück se distinguait par un certain nombre d’éléments du modèle dit de Dachau, déterminant pour les camps d’hommes – dont celui de Ravensbrück jusqu’à la fin de 1942. Certaines des méthodes de torture employées dans les camps d’hommes, telles que l’« exercice disciplinaire » et la « suspension », ne furent pas pratiquées au camp de femmes. De même, on n’y relève pas de cas de détenues abattues sous prétexte de tentative de fuite, une pratique très prisée des gardiens SS dans les camps d’hommes. En revanche, les appels interminables, les bastonnades ainsi que le climat de brutalité indicible du bâtiment cellulaire – la prison du camp – où les sévices entraînant la mort n’étaient pas rares, ne se distinguaient guère de ce qui se passait dans les camps d’hommes.

Au cours des deux premières années, les détenues souffrirent tout particulièrement des travaux physiquement pénibles requis par l’extension du camp, qui ne furent pas marqués cependant par la terreur brutale qui s’y ajoutait, dans bien des cas, dans les camps d’hommes. L’idée de mobiliser les détenues pour des activités de production n’apparut qu’à l’été 1940 avec la création de l’entreprise textile SS (Texled en abrégé). Le secteur industriel, avec les ateliers de fabrication de la Texled, connut plusieurs agrandissements durant les années suivantes. En plus d’un atelier de fabrication de chaussures de paille qui exista jusqu’à la fin de 1943, d’un atelier de tressage de palissades en roseau, d’ateliers de tissage et de pelleterie, la Texled était essentiellement formée de plusieurs ateliers de couture. Les effectifs de détenues qui y étaient employées atteignirent leur point culminant en septembre 1942 avec plus de 5 000 femmes (soit 60 % de l’ensemble des détenues). Ils diminuèrent ensuite progressivement pour se stabiliser à environ 3 000 détenues à partir de décembre 1943. Le contrôle du travail et la surveillance disciplinaire étaient entre les mains de la SS, ce qui engendrait un climat de terreur immédiate. L’atmosphère de travail à la Texled était marquée par une alourdissement constant des tâches, lequel était dans bien des cas brutalement imposé aux femmes.

S’y ajoutèrent entre 1941 et 1943 de nombreuses affectations dans les exploitations agricoles des environs. Malgré un travail souvent extrêmement pénible, ces commandos étaient très convoités car ils permettaient de dérober des fruits et des légumes et de les rapporter clandestinement au camp. Aussi les Polonaises, nettement prédominantes au sein de ces commandos, décrivent-elles cette période comme des « années grasses ».

L’opération « 14 f 13 » – le prolongement du processus d’« euthanasie » dans les camps de concentration – au printemps 1942 marqua une première césure, qui n’aurait pu être plus radicale. Le nombre de détenues qui trouvèrent la mort dans ce contexte (1 600 en tout, parmi lesquelles la quasi intégralité des Juives du camp) représentait près du quart des effectifs du camp de femmes et dix fois le nombre de décès enregistrés au cours des trois premières années. Les détenues virent ainsi peser sur leur vie une nouvelle menace difficile à évaluer, qui resta  prégnante jusqu’à la libération. Après la fin de l’opération « 14 f 13 », les détenues « indésirables » furent tuées par injections de phénol ou de morphine, ou assassinées dans les chambres à gaz du « sanatorium » de Hartheim/Linz. Un autre « transport noir » comprenant environ 800 détenues partit au début de février 1944 pour le camp de concentration et d’extermination de Lublin/Majdanek.[4] Même si les détenues n’y furent pas tuées dans les chambres à gaz, une grande partie d’entre elles y succombèrent rapidement à une mort « naturelle ».[5]

À partir de 1943, avec la multiplication des camps satellites, le camp de femmes commença à faire fonction d’immense plaque tournante et de lieu de transit pour les détenues de camps de concentration. Il devint aussi – au sens propre bien souvent – le terminus pour les détenues malades et épuisées, reconduites à Ravensbrück depuis les camps satellites en vertu d’accords conclus avec les entreprises. Dans l’ensemble, au cours des deux dernières années de guerre, au moins une détenue de Ravensbrück sur deux se retrouva dans un des camps satellites après un séjour plus ou moins long au camp principal. Malgré d’importantes fluctuations, le nombre de détenues du camp principal augmenta à partir de 1943, et même brutalement à dater de l’été 1944. En même temps, les conditions de vie se dégradèrent rapidement : nourriture, logement, conditions sanitaires et hygiène. La gestion de la misère croissante, qui se faisait systématiquement avec un temps de retard, entraîna une différenciation de plus en plus marquée entre les différents secteurs du camp, caractérisés par des chances de survie extrêmement inégales.

En 1944, l’alimentation quotidienne des détenues se limitait à un gobelet d’ersatz de café sans sucre le matin, un demi-litre de soupe claire à midi et le soir, auxquels s’ajoutaient environ 200 grammes de pain. Les détenues qui travaillaient bénéficiaient parfois de deux ou trois pommes de terre en plus. La soupe, généralement composée de navets ou de pommes de terre plus ou moins gâtées, ne contenait ni matières grasses ni sel. À la fin de la semaine, on distribuait aux détenues environ 20 g d’un produit ressemblant à de la margarine, avec un morceau de fromage ou une cuiller de confiture de guerre diluée. Le Dr Don Zimmet-Gazel, médecin française et rescapée de Ravensbrück, estime la valeur nutritive de la ration alimentaire des derniers mois entre 900 et 1000 calories par jour, soulignant que ce « régime » était particulièrement pauvre en lipides et en glycogènes.

À partir du début de 1944, le taux d’occupation du camp, surtout dans les deux dernières séries de baraques et dans les blocs d’admission, était trois fois supérieur, voire quatre fois vers la fin de l’année, aux effectifs prévus à l’origine. Les blocs 1 à 3 faisaient exception, car on y logeait essentiellement les détenues chargées de différentes fonctions au sein du camp. Ils étaient toujours moins peuplés, et il y régnait un ordre et une propreté relatifs, par rapport aux autres blocs.

À dater de 1943, l’importance que la SS et les entreprises et établissements concernés attachaient à la main-d’œuvre industrielle pesa de façon de plus en plus déterminante sur les conditions de vie des détenues. En témoigne la construction de sections séparées au sein du camp destinées aux plus de 5 000 détenues employées par la Texled et par Siemens à partir respectivement du début ou de la fin de 1944. En même temps, vers la fin de 1943 et le début de 1944, des secteurs de plus en plus vastes du camp de femmes (en particulier les blocs de malades et la tente, à partir de l’été 1944) se transformèrent à un moment ou à un autre en « mouroirs » : la sous-alimentation dramatique et des sélections régulières pour l’extermination y firent un nombre de victimes supérieur à la moyenne. À partir de l’automne 1944, près du quart de l’ensemble des baraques de logement furent désignés comme blocs de malades, dans le but non pas de les soigner, mais de les isoler.

Les admissions massives du deuxième semestre de 1944 – 52 000 en tout, soit 42 % des effectifs totaux de détenues – ne firent pas que dépasser les capacités d’accueil et d’approvisionnement du camp. Elles excédaient également les estimations réalistes des besoins de main-d’œuvre, notamment parce que la production de la Texled, de Siemens mais aussi des camps satellites se trouva de plus en plus ralentie par des problèmes d’approvisionnement dus aux bombardements aériens alliés. Une large proportion des nombreuses nouvelles arrivées risquait, après les épreuves déjà redoutables du transport, d’être d’emblée classées comme « superflues ». Il s’agissait en majorité de Polonaises déportées après l’insurrection de Varsovie, de Juives hongroises et de détenues d’Auschwitz.

La tente, où elles étaient logées de manière on ne peut plus précaire, se transforma rapidement en voie d’accès à la zone de mort, ce qui témoigne bien du tragique de leur situation. Jusqu’à 3 000 femmes s’y trouvèrent parquées, sans couvertures, sur un sol simplement recouvert d’une mince couche de paille. En raison de l’absence presque totale d’eau et de nourriture, d’installations sanitaires et de soins médicaux, la faim, l’épuisement et les épidémies prélevaient quotidiennement un nombre de victimes supérieur à la moyenne parmi les détenues qui y étaient logées. La situation de départ, et donc les chances de survie de ces détenues, étaient bien plus médiocres que celle des nouvelles admissions des années précédentes, à moins qu’elles n’aient eu la chance d’être transférées, plus ou moins rapidement, vers les camps satellites. Parmi les victimes de cette évolution figuraient aussi les enfants, les femmes enceintes et les nouveau-nés, qui se voyaient infliger un traitement cruel conforme à l’attitude impitoyable à l’égard de tous les détenus « inaptes au travail ». D’après les registres des naissances qui nous sont parvenus, la moitié des 522 enfants qui vinrent au monde à Ravensbrück entre la mi-septembre 1944 et la fin avril 1945 moururent quelques jours ou quelques semaines après leur naissance. Au moins 80 autres nourrissons furent évacués avec leurs mères en mars 1945 vers le camp de concentration de Bergen-Belsen, déjà surpeuplé et où régnait une épidémie de typhus exanthématique, ce qui constituait eux une condamnation à mort pour beaucoup d’entre.

 

Phase finale

Les derniers mois, enfin, sont à classer à part dans l’histoire du complexe concentrationnaire.  Cette dernière phase fut en effet intégralement placée sous le signe de la défaite imminente du régime nazi et des efforts délirants de la SS pour ne laisser aucun détenu tomber aux mains des troupes alliées. En plus de ses autres fonctions, Ravensbrück devint alors un centre d’accueil pour les flots de détenus en provenance d’autres camps de concentration. À la mi-janvier 1945, Ravensbrück et ses camps satellites abritaient 46 000 détenues et tout juste 8 000 détenus. Et les transports d’évacuation continuaient à arriver, notamment d’Auschwitz.

La situation du camp de femmes, déjà catastrophique au cours des mois précédents, s’aggrava encore, entraînant une forte hausse du nombre de morts « naturelles », lesquelles atteignirent près de 4 000 entre janvier et mars. Les capacités de logement du camp de femmes de Ravensbrück étant plus que saturées, la direction du camp fit transférer une grande partie des femmes « évacuées » d’Auschwitz à Neustadt-Glewe, Malchow et Rechlin dans les semaines suivantes. Mais ces camps satellites relativement vastes eux-mêmes abritèrent rapidement plus de quatre fois le nombre prévu de détenus, provoquant, là encore, une augmentation brutale du taux de décès.

En même temps, la direction du camp chercha à se débarrasser d’un plus grand nombre de détenues, par tous les moyens possibles. C’est ainsi qu’un peu plus de 2 000 Polonaises déportées à la suite de l’insurrection de Varsovie furent envoyées en travail forcé à l’extérieur du camp, tandis que plus de 10 000 détenues et plus de 4 200 détenus étaient transférés dans d’autres camps de concentration et dans leurs camps satellites ; par ailleurs, on laissa mourir ou l’on tua environ 10 000 détenus, en majorité des femmes. Parmi les convois de détenues qui quittèrent Ravensbrück, il faut accorder une attention particulière à celui qui partit pour Mauthausen début mars, et à deux autres, à destination de Bergen-Belsen, fin février et fin mars. Ces transports incluaient à eux trois environ 5 000 personnes, dont des groupes de détenues faisant l’objet d’une persécution particulière (les Sinti et les Roms, et les détenues « Nuit et Brouillard » françaises et belges) ainsi que la quasi totalité des enfants et nouveau-nés survivants avec leurs mères. En même temps, grâce à des négociations engagées par de hauts responsables SS notamment avec des représentants de la Croix Rouge suédoise et du World Jewish Congress, 7 800 détenues de Ravensbrück purent être libérées en avril 1945, peu avant la fin de la guerre – principalement dans le cadre de l’« opération Bernadotte ».

Les développements décisifs de cette dernière phase furent la transformation du « camp d’internement administratif de jeunes » d’Uckermark en camp de mort et de sélection, et la mise en place au début de 1945 d’une chambre à gaz provisoire où entre 5 000 et 6 000 détenus (surtout des femmes) furent atrocement assassinés. La SS s’efforça – vainement pour finir – de garder le secret sur ces gazages en supprimant a posteriori les assassinées des registres d’effectifs du camp pour les inscrire sur des listes de détenues prétendument transférées au « camp de repos de Mittwerda ». Une seule de ces « listes Mittwerda » – celle du 6 avril – a pu être sauvée par les détenues. Elle contient les noms et les numéros de détenues de 496 femmes, assassinées selon toute vraisemblance lors des derniers gazages du 30 mars, et porte la signature du commandant Suhren. Une comparaison avec d’autres documents a révélé qu’en majorité, les victimes de la chambre à gaz avaient plus de 40 ans et qu’une grande majorité d’entre elles n’avaient été déportées à Ravensbrück qu’à partir d’août, et plus de la moitié même à partir de novembre 1944 seulement. Dans 140 cas au moins, il s’agissait de femmes (principalement des Polonaises et des Juives hongroises) qui avaient survécu à Auschwitz et Majdanek.

Dans l’ensemble, plus de la moitié des quelque 28 000 à 29 000 victimes qui ont péri dans le complexe concentrationnaire de Ravensbrück[6] – exécutions massives délibérées comprises – ont trouvé la mort au cours des quatre derniers mois, peu avant la libération du camp par des unités de l’Armée Rouge à la fin du mois d’avril 1945. S’y ajoutent les victimes des « marches d’évacuation », impossibles à chiffrer, faute de documents sûrs.

Berhard Strebel
Traduit de l’allemand par Odile Demange
©Musée de la Résistance et de la Déportation, Citadelle, Besançon

 


[1] Koegel s’est suicidé en juin 1946 alors qu’il était détenu par les Américains. Condamné à mort à Rastatt en 1950 par un tribunal militaire français, Suhren a été exécuté. L’exposé qui suit repose sur : Bernhard Strebel, Ravensbrück. Un complexe concentrationnaire. Préface de Germaine Tillion, Paris, 2005, où l’on trouvera une bibliographie complète.

[2] En réalité, les gardiennes n’étaient pas membres de la SS, mais appartenaient à la « SS-Gefolge », littéralement l’entourage, l’escorte de la SS. Sur le plan administratif, elles étaient enregistrées comme « auxiliaires féminines ». Mais sur le plan disciplinaire, elles étaient soumises, comme les membres masculins de la SS, à la juridiction de la SS.

[3] Auxquelles il faut ajouter un millier de détenues du précurseur de Ravensbrück, le camp de concentration de femmes de Lichtenburg.

[4] Il s’agissait de convois dont les détenues étaient bien obligées de supposer que leurs passagères étaient vouées à l’extermination.

[5] La formule de « mort naturelle » établit une distinction conceptuelle avec des opérations délibérées de mise à mort, même s’il n’est évidemment pas « naturel » de mourir de faim, de maladies non soignées ou des suites de mauvais traitements en détention, pas plus que de succomber à l’épuisement dû au travail forcé.

[6] Avec une nette différenciation selon le sexe : entre 25 000 et 26 000 quelque 2 550 détenues.

 

Liste des camps annexes et Kommandos du camp de Ravesnbrück

Barth

Belzig

Berlin-Oberschöneweide

Berlin-Schönefeld (Heikel)

Dabelow

Eberswalde

Feldberg (Mecklenburg)

Fürstenberg/Havel

Genthin

Grüneberg

Hennigsdorf

Hohenlychen

Karlshagen

Klützow

Königsberg in der Neumark

Landkreis Teltow-Fläming

Leipzig Shoenfeld

Malchow

Neustadt-Glewe

Peenemünde

Prenzlau

Rechlin

Retzow

Rostock

Rostock-Marienehe

Rostock-Schwarzenforst

Stargard

Velten

Bibliographie

- Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Livre mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1939-1945, 4 vols., Paris, 2004.

- Les Françaises à Ravensbrück, édit. par L’Amicale de Ravensbrück et l’Association des Déportées et Internées de la Résistance, Paris, 1965.

- Postel-Vinay Anise, « Les exterminations par gaz à Ravensbrück », in G. Tillion, Ravensbrück, pp. 305-330.

- Strebel Bernhard, Ravensbrück. Un complexe concentrationnaire, préface de Germaine Tillion, Paris, 2005.

- Tillion Germaine, Ravensbrück, Paris, 1988.

Camp
Camps annexes et Kommandos

Les camps annexes et Kommandos du camp de Ravensbrück

Busson Suzanne (Félicie Charles)

Biographie

Chombart de Lauwe Marie-Josée

Biographie

de Gaulle-Anthonioz Geneviève

Biographie

Don Zimmet-Gazel Paulette

Biographie

Dufournier Denise

Biographie

Fernier Anne

Biographie

Goldet Cécile

Biographie

Guillemot Gisèle

Biographie

Helmer Geneviève

Biographie

Maurel Micheline

Biographie

Maurice Violette

Biographie

Ottelard Irène

Biographie

Postel-Vinay Anise

Biographie

Renault Maisie

Biographie

Rosane -

Biographie

Rosoff Genia (Eugénie)

Biographie

Simier Lucienne

Biographie

Tillion Germaine

Biographie

Weinstein Suzanne

Biographie

Will Elisabeth

Biographie

Déportés transférés vers ce camp et/ou ses camps annexes et kommandos


Bojczyk Guta

Biographie

Desseaux Christian

Biographie

Grinspan Ida

Biographie

Heftler Nadine

Biographie

Segal Fanny

Biographie

Bojczyk Guta

1926, Varsovie

Guta est née à Varsovie en 1926 au sein d’une famille aisée, pratiquante – son père avait un commerce de boucherie en gros. Elle est la petite dernière, après une sœur née en 1918, un frère en 1920 et une autre sœur, en 1923. Les enfants ont suivi une scolarité à l’école laïque et n’ont pas ressenti d’antisémitisme.

La guerre bouleverse leur vie. Leur maison est détruite par les bombardements allemands lors de l’invasion en 1939. Ils doivent déménager. Et de nouveau après la création du ghetto et l’enfermement de la population juive. La famille trouve à se loger dans la rue Ogrodowa puis Nalewki.

Sa sœur aînée meurt de maladie dans le ghetto, son frère a sans doute été fusillé, elle ne connaît pas le sort de son père et de son autre sœur. Elle reste avec sa mère. En mai 1943, toutes deux sont emportées en convoi. A l’arrivée au camp de Majdanek, elles sont séparées. Sa mère a été gazée dès l’arrivée.

Guta est envoyée au camp d’Auschwitz-Birkenau où elle est affectée au travail forcé, d’abord au Kommando de la Weberei puis à celui de l’Union Werke.

Le 18 janvier 1945, elle subit la Marche de la Mort. Elle est envoyée au camp de Ravensbrück puis celui de Malchow. Elle est libérée par les troupes soviétiques.

Après la guerre, elle revient à Varsovie mais ne retrouve aucun membre de sa famille. Elle se marie à un survivant du ghetto de Lodz qui avait été envoyé au camp de Dachau. Ils vivent à Varsovie avec leurs deux enfants jusqu’en 1957 où ils décident de venir vivre en France.

Après la Marche de la Mort, nous sommes transférées vers les camps de Ravensbrück et Malchow

Bojczyk Guta
Allemagne / Ravensbrück | Situations dans les camps - Début 1945 | 00:00

Busson Suzanne (Félicie Charles)

1896, Isigny-sur-Mer (Calvados) - 1953 (née Félicie Suzanne Charles)

Institutrice, elle se marie (seconde noce) en 1935 avec Adolphe Busson. Elle vit au Mans.

Elle est arrêtée en janvier 1944. Elle connaît les prisons d'Angers, Fresnes, le Fort de Romainville, la prison d'Aix-la-Chapelle, le camp de Ravensbrück. Son époux, Adolphe Busson, interné à Compiègne, déporté à Mauthausen (avril 1944) décède en mai 1945 au camp de Gusen.

- Dès 1946, elle publie son témoignage Dans les griffes nazies, puis un second tome, en 1952, qui privilégie une approche historique.

 

Les camps connurent les foules les plus variées

Busson Suzanne (Félicie Charles)
Allemagne / Ravensbrück | Origines et nationalités

Chombart de Lauwe Marie-Josée

1923, Paris (Née Wilborts)

Etudiante en médecine à Rennes, résistante, elle est arrêtée le 22 mai 1942, emprisonnée à Rennes, Angers, où elle retrouve ses parents et les membres de son réseau. Interrogée par la Gestapo à la prison de la Santé, puis à Fresnes, elle est déportée NN en juillet 1943 à Ravensbrück avec sa mère et 56 autres femmes françaises. Elle est affectée à la Kinderzimmer.

A l’évacuation du camp, le 2 mars 1945, elle est transférée, avec 570 autres Françaises au camp de Mauthausen. Elles sont libérées le 21 avril et évacuées vers la Suisse par un convoi de la Croix-Rouge après une négociation entre le Comte Bernadotte et Himmler. Son père, déporté à Buchenwald, y décède le 24 février 1944.

En 1954 elle entre au service de pédopsychiatrie de l’hôpital de la Salpetrière. Directrice de recherche honoraire au CNRS, elle est Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation. Grand Croix de la Légion d’honneur.

- Toute une vie de résistance, Paris, Graphein/FNDIRP, 1998

- Résister toujours. Mémoires, Paris, Flammarion, 2015

Je suis affectée à la Kinderzimmer, le Block des nourrissons

Chombart de Lauwe Marie-Josée
Allemagne / Ravensbrück | Enfants - Nourissons

Au-dessus de la haine, le geste de solidarité

Chombart de Lauwe Marie-Josée
Allemagne / Ravensbrück | Solidarité

Nous sommes encore des femmes

Chombart de Lauwe Marie-Josée
Allemagne / Ravensbrück | Apparence de soi

Même mortes, nous serons victorieuses

Chombart de Lauwe Marie-Josée
Allemagne / Ravensbrück | Tenir le choc

Nous avons tant attendu ce moment !

Chombart de Lauwe Marie-Josée
Allemagne / Ravensbrück | Marches et trains de la mort

de Gaulle-Anthonioz Geneviève

1920, Saint-Jean-de-Valériscle (Gard) - 2002, Paris

Etudiante en histoire à l’Université de Rennes, elle entre dans la Résistance en 1940. Inscrite à la Sorbonne en 1941, elle participe à des actions de renseignement pour le groupe du Musée de l’Homme avant de rejoindre le réseau Défense de la France, pour lequel elle écrit deux articles (dans le journal clandestin) sur son oncle, le général de Gaulle. Elle entre dans la clandestinité avec de faux papiers. Elle est arrêtée le 20 juillet 1943, internée à Fresnes puis à Compiègne. Elle est déportée à Ravensbrück par le convoi du 31 janvier 1944.

En octobre 1944, suite à une décision de Himmler qui veut l’utiliser comme « monnaie d’échange », elle est placée au Bunker. Elle y reste jusqu’à la libération du camp, le 25 avril 1945.

Après la guerre, elle participe activement à la mémoire de la déportation dans l’association des Anciennes Déportées et Internées de la Résistance (ADIR). En 1958, elle s’engage dans le mouvement ATD Quart-Monde aux côtés du Père Wresinski. En 1987, elle témoigne au procès de Klaus Barbie.

Grand-croix de la Légion d'honneur, Croix de guerre 1939-1945, Médaille de la Résistance. Le 27 mai 2015, elle entre au Panthéon (avec Germaine Tillon, Pierre Brossolette, Jean Zay).

- La Traversée de la nuit, Paris, Éditions du Seuil, Paris, 1998

- Le Secret de l'espérance, Paris, Fayard / Éditions Quart Monde, Paris, 2001

Ce qui m’atteignait, c’était le désespoir

de Gaulle-Anthonioz Geneviève
Allemagne / Ravensbrück | A l'arrivée des convois

Les soixante-quinze petits lapins

de Gaulle-Anthonioz Geneviève
Allemagne / Ravensbrück | Expériences pseudo-médicales

Desseaux Christian

1926, Margny (près de Compiègne) 

Il a 14 ans lorsque la débâcle de 1940 le conduit jusqu’à Dunkerque d’où il parvient à rentrer en vélo. Très tôt il s’engage dans la Résistance où il se signale par son courage. Mais, vraisemblablement trahi par des espions, il est arrêté par la Gestapo à l’âge de 17 ans. Il est interné dans la prison de Saint-Quentin, torturé puis transféré au camp de Royallieu près de Compiègne. Il est alors déporté à Buchenwald où il arrive le 19 janvier 1944 (matricule 41096) après un voyage effroyable. Puis il est désigné pour aller travailler dans le tunnel de Dora. Il vit plusieurs mois dans le tunnel à travailler sans voir le jour avant que les déportés soient logés dans des baraques à l’extérieur du tunnel.

En avril 1945 le camp de Dora est évacué. C’est une marche de la mort effroyable. Il réussit à s’évader avec deux camarades et retrouve des prisonniers de guerre qui les accueillent. Ils sont libérés par l’Armée Rouge le 3 mai 1945. De retour à Compiègne, il pèse 48 kg à 19 ans et met plus d’un an et demi pour se remettre physiquement.

Christian Desseaux témoigne inlassablement dans les collèges et lycées de Savoie où il vit.

On est arrivé dans un état de pourriture

Desseaux Christian
Allemagne / Ravensbrück | Expériences pseudo-médicales | 00:54

Le curé me dit « Lève toi, Lève toi ! »

Desseaux Christian
Allemagne / Ravensbrück | Marches et trains de la mort | 01:54

Don Zimmet-Gazel Paulette

Docteure en médecine à Annemasse (Haute-Savoie), elle est arrêtée le 13 septembre 1943, déportée le 10 avril 1944 à Ravensbrück. Elle y est libérée fin avril 1945.

- Elle a rédigé une thèse en lien avec sa déportation : Les Conditions d'existence et l'état sanitaire dans les camps de concentration de femmes déportées en Allemagne, Thèse présentée à la Faculté de Médecine de l'Université de Genève pour obtenir le grade de Docteur en Médecine par Paulette Don Zimmet, Annemasse, 1949.

A l'aide de notes prises au camp de Ravensbrück, elle revient sur les causes et l'évolution des différentes maladies qui emportèrent les prisonnières et présente leurs moyens pour se soigner dans un dénuement total.

- Les Voix sans visages : Une journée parmi tant d'autres ..., [S.l.] : [Chez l'auteur], 1945

 

Un gros morceau de lard rose, translucide, fumant

Don Zimmet-Gazel Paulette
Allemagne / Ravensbrück | La faim - La nourriture

C'est à vous que je songe, madame Émilie Tillion

Don Zimmet-Gazel Paulette
Allemagne / Ravensbrück | Solidarité

« Bobard-tant-pis » et « Bobard-tant-mieux »

Don Zimmet-Gazel Paulette
Allemagne / Ravensbrück | Circulation de l'information

Dufournier Denise

Avocat à la cour, Paris. Arrêtée le 18 juin 1943. Emprisonnée à Fresnes puis au camp de Compiègne. Déportée au camp de Ravensbrück le 31 janvier 1944. Libérée le 5 avril 1945.

- Elle a rédigé un témoignage dès 1945 : Souvenirs de la Maison des Mortes, Paris, Hachette, 1945. (Republié, Paris, Juliard, 1999)

- « Méditation sur Ravensbrück », in La Revue des Deux Mondes, avril 1975, pp.99-108

Je sentis naître en moi la panique, une sorte de terreur

Dufournier Denise
Allemagne / Ravensbrück | A l'arrivée des convois

Les mots transports, usine, munitions, circulèrent…

Dufournier Denise
Allemagne / Ravensbrück | Ravensbrück - Camps annexes et Kommandos

Le SS, brandissant la liste, appelait les numéros

Dufournier Denise
Allemagne / Ravensbrück | Chambres à gaz et crématoires - Camps du Reich

Fernier Anne

Journaliste, écrivaine, durant l’Occupation, elle héberge des aviateurs alliés (réseau « Comète »). Elle est arrêtée le 1er novembre 1943, internée à Compiègne, déportée en janvier 1944 au camp de Ravensbrück (Matricule 27399) puis transférée dans un Kommando de Flossenbürg, à Holleischen (avril 1944 à mai 1945).

- Chronique de Minuit, Paris, 1946

L'appel général est grandiose

Fernier Anne
Allemagne / Ravensbrück | L'appel

Goldet Cécile

Infirmière, arrêtée au Vercors le 27 juillet 1944. Déportée le 10 août 1944 de Lyon à Ravensbrück, puis à Torgau, puis de nouveau à Ravensbrück. Rapatriée avec le convoi des Trois cents par la Suisse.

Ces corps épuisés, gémissants, qu'on ne sait par quel endroit saisir

Goldet Cécile
Allemagne / Ravensbrück | Le Revier

Grinspan Ida

1929, Paris – née Fensterszab

Ses parents avaient émigré de Pologne en 1924. En juin 1940, il la place chez une nourrice dans les Deux-Sèvres. C'est par un courrier que son père lui annonce l’arrestation de sa mère lors de la rafle du Vél' d'Hiv, en juillet 1942. Elle-même est arrêtée le 30 janvier 1944 à Sompt (Deux-Sèvres) chez sa nourrice, par trois gendarmes français. Interrogée à Niort, les autorités tentent de lui soutirer l’adresse de son père et de son frère aîné, elle résiste.

Elle est transférée à Drancy puis déportée le 10 février 1944 au camp d’Auschwitz Birkenau (Convoi 68, Matricule 75360). Une coiffure qui la vieillissait un peu lui a sans doute permis d’entrer au camp alors qu’elle n’avait que 14 ans et demi. Elle connaît successivement le camp de Birkenau puis celui d'Auschwitz qu'elle quitte le 18 janvier 1945. Après la Marche de la Mort, elle est internée dans les camps de Ravensbrück et Neustadt-Glewe en Allemagne où elle est libérée le 2 mai 1945, très affaiblie.

A son retour, elle a 15 ans et demi. Elle retrouve son frère, seul membre de sa famille. Sa mère a été déportée en juillet 1942, son père en juillet 1944.

Elle a publié son témoignage, écrit avec Bertrand Poirot-Delpech, J’ai pas pleuré, Paris, Robert Laffont, 2002

Tout était désorganisé à Ravensbrück

Grinspan Ida
Allemagne / Ravensbrück | Marches et trains de la mort | 01:38

Wanda

Grinspan Ida
Allemagne / Ravensbrück | Derniers jours - Chaos | 04:20

Guillemot Gisèle

1922, Mondeville (Calvados) - 2013, Paris

Sténo-dactylo, elle entre dans un réseau de résistance à Colombelles (Calvados). Arrêtée et internée à Fresnes le 14 octobre 1943, déportée NN, elle est emprisonnée dans les prisons allemandes de Lübeck-Lauerhof puis transférée au camp de Ravensbrück, le 21 novembre 1944. A l’évacuation de ce camp, elle est transférée avec un groupe de femmes françaises à Mauthausen, le 7 mars 1945 (matricule 1811). Elles sont libérées et évacuées par la Croix-Rouge le 22 avril 1945.

A son retour, journaliste et poète, elle milite dans les associations de mémoire des camps et témoigne de sa déportation.

- (Entre parenthèses). De Colombelles (Calvados) à Mauthausen (Autriche), 1943-1945, Paris, L’Harmattan, 2001

- Elles, revenir, Paris, Tiresias, 2007

- Résistante. Mémoires d’une femme. De la Résistance à la Déportation, Paris, Michel Lafon, 2009

Mon amie

Guillemot Gisèle
Allemagne / Ravensbrück | Espoir et imaginaire

Heftler Nadine

1928, Paris - 2016, Paris

Arrêtée à Lyon par la Gestapo avec ses parents Gaston et Hélène, le 13 mai 1944. Ils sont tous les trois emprisonnés à la prison Montluc puis transférés au camp de Drancy le 20 mai d’où ils sont déportés le 30 mai 1944 au camp d’Auschwitz-Birkenau (Convoi 75, Matricule A 7128). Sur la rampe de Birkenau, elles sont séparées du père : « Si tu t’en sors, ce sera une belle école… » dit-il à Nadine, les mots qui seront le titre de son témoignage.

A Birkenau, Nadine reste avec sa mère pendant quelques semaines, jusqu'à ce que cette dernière tombe malade et soit contrainte d’aller au Revier où elle est victime d’une sélection en octobre 1944.

Nadine travaille dans différents Kommandos extérieurs. En novembre 1944, elle est intégrée au Block des Enfants (Secteur « B I a ») où elle reste quelques semaines avant d’être envoyée au camp d’Auschwitz et de travailler à l’usine Union Werke.

Elle quitte le camp le 18 janvier 1945 et subit la marche de la mort. Elle est transférée au camp de Ravensbrück puis vers Ludwiglust. Sur le chemin, elle est libérée par les Américains le 2 mai 1945.

Après la guerre, elle reprend ses études et devient médecin.

Dès 1946, elle rédige un témoignage qui n’a été publié qu’en 1992 : Si tu t’en sors... : Auschwitz, 1944-1945, Paris, La Découverte, 1992

 

 

Au Jugenlager

Heftler Nadine
Allemagne / Ravensbrück | Derniers jours - Chaos | 03:27

A Malchow, c'est l'épuisement total

Heftler Nadine
Allemagne / Ravensbrück | Derniers jours - Chaos | 05:28

Des Américains et des Soviétiques dans la cours de la ferme

Heftler Nadine
Allemagne / Ravensbrück | Derniers jours - Chaos | 06:27

Helmer Geneviève

1920

Etudiante de la Faculté des Lettres de Strasbourg, elle est arrêtée le 25 novembre 1943, à Clermont-Ferrand. Transférée le 25 janvier 1944 au camp de Compiègne, déportée le 3 février 1944 au camp de Ravensbrück puis transférée le 25 juin 1944 dans un Kommando extérieur camp de Neuengamme, Helmstedt - Beendorf.

Neuengamme était un camp d’hommes, mais durant l'été 1944, des femmes transférées des camps d'Auschwitz et de Ravensbrück (environ 13 500 dont plus de 700 Françaises) y sont immatriculées, affectées dans des Kommandos extérieurs, employées notamment dans des usines de production de matériel aéronautique, de munitions, dans des mines, au déblaiement et à la reconstruction.

En avril 1945, elle fait une marche de la mort vers le camp de Bergen-Belsen où elle est libérée le 15 avril 1945.

 

Le block 13 devient un ilot de résistance morale

Helmer Geneviève
Allemagne / Ravensbrück | Quarantaine

Maurel Micheline

1916, Toulon - 2009, Toulon

Professeur agrégée de lettres, elle enseigne à Lyon à partir de 1941 et entre dans la résistance (réseau Marco Polo) en novembre 1942. Le 19 juin 1943, elle est arrêtée par la Gestapo et internée au Fort de Romainville, d’où elle est déportée, le 29 aout 1943, à Ravensbrück (Kommando de Neubrandenburg – matricule 22410). Elle parvient à écrire des poèmes au camp, qui seront publiés après son retour. Elle est libérée en avril 1945 et revient à Toulon en mai.

Elle reprend l’enseignement de 1946 à 1948, puis devient traductrice à l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Elle publie plusieurs ouvrages de souvenirs des camps, poésies et contes pour enfants.

- Un camp très ordinaire, Editions de Minuit, 1957 (Récit de captivité. Prix des Critiques 1957). La Vie normale, Editions de Minuit, 1958 (Roman autobiographique). La Passion selon Ravensbrück, poèmes écrits au camp, Editions de Minuit, 1965.

Il faudra que je me souvienne

Maurel Micheline
Allemagne / Ravensbrück | Manifestations - Arts

Maurice Violette

1919, Saint-Etienne - 2008, Saint-Etienne

Etudiante, elle entre en résistance à l’appel du Général de Gaulle, dans le mouvement clandestin « 93 ». Début 1943, elle adhère au réseau « Mithridate » à Lyon, où Jean Moulin lui confie la mission de regrouper les réseaux locaux. Elle est arrêtée le 9 octobre 1943 et internée à la prison Montluc, puis déportée le 2 mars 1944, par un convoi de « NN » (Nuit et Brouillard), vers la prison d’Aix-la-Chapelle puis le camp de Ravensbrück (Matricule 31965). Elle est évacuée vers Mauthausen où elle y est libérée le 22 avril 1945.

Après son retour, elle partage sa vie entre l’engagement humanitaire et l’écriture de témoignages et de poèmes.

- NN, Spes, Saint-Etienne, 1946 (réédition, Encre marine, 1991)

- Eaux mortes, L’Ile des poètes, 1978

- Terres promises, L’Ile des poètes, 1978

- Racines, La Bartavelle, 1995

- Incandescence, Encre marine, 2004

Faim lancinante, faim qui tortille les entrailles

Maurice Violette
Allemagne / Ravensbrück | La faim - La nourriture

L’obsession

Maurice Violette
Allemagne / Ravensbrück | Chambres à gaz et crématoires - Camps du Reich

Ottelard Irène

1922 à Lille - ?

Irène Ottelard, sous-lieutenant des Forces Françaises combattantes de l’Intérieur, entre dans la Résistance dès janvier 1941, à l’âge de 19 ans. Employée à la mairie de Drancy (Seine), elle fournit plus de 700 faux-certificats de réforme allemande aux réfractaires de la région parisienne.

Dénoncée, elle est arrêtée le 8 février 1944. Envoyée à la prison de Fresnes, puis au Fort de Romainville, elle est déportée à Ravensbrück où elle arrive le 22 avril (Matricule 35262). Elle est internée au « Jugend-Lager ».

Elle témoigne au 1er procès de Ravensbrück qui se tient à Hambourg du 5 décembre 1946 au 3 février 1947. La SS Vera Salvequart est condamnée à mort et exécutée le 2 juin 1947.

Au Jugend-Lager

Ottelard Irène
Allemagne / Ravensbrück | Assassinats

Postel-Vinay Anise

1922, Paris

A 19 ans, Anise Girard intègre un réseau de renseignements britannique (Intelligence Service) où elle est chargée de relever les positions de bunkers allemands dans la ville de Paris. Elle est arrêtée le 15 août 1942, incarcérée à la prison de La Santé puis à Fresnes et au Fort de Romainville. Elle est déportée dans un convoi de « NN » (Nuit et Brouillard) vers la prison d’Aix-la Chapelle puis le camp de Ravensbrück, où elle arrive le 31 octobre 1943. Elle reçoit le matricule 24562. Elle est libérée le 23 avril 1945 par la Croix-Rouge suédoise.

Le 6 juin 1946, elle épouse André Postel-Vinay, lui-même ancien résistant.

Vivre, avec la collaboration de Laure Adler, Paris, Grasset, 2015

Nous étions classées NN, c'est-à-dire « Nuit et Brouillard »

Postel-Vinay Anise
Allemagne / Ravensbrück | NN - Nacht und Nebel

La place est nette comme si rien ne s’était passé là

Postel-Vinay Anise
Allemagne / Ravensbrück | Situations dans les camps - Début 1945

Une chambre à gaz fut aménagée

Postel-Vinay Anise
Allemagne / Ravensbrück | Chambres à gaz et crématoires - Camps du Reich

Renault Maisie

1907, Vannes -2003

Issue d’une fratrie de neuf frères et sœurs, après la mort de son père - qui fut entre autre, enseignant - alors qu’elle a 17 ans, elle renonce aux études pour aider sa mère à élever les enfants.

Elle s'initie à la comptabilité dans le domaine bancaire. Elle accompagne brièvement son frère Gilbert au Gabon, puis revient à Vannes où elle travaille dans une coopérative agricole.

En décembre 1940, Maisie Renault insiste pour rejoindre le réseau fondé par son frère Gilbert - le Colonel Rémy - la Confrérie Notre-Dame, un des plus important réseau de renseignements de la France Libre. Elle intègre en décembre 1941 le quartier général parisien.

Chargée du secrétariat du réseau, elle traite les informations reçues en vue de leur transmission à Londres. Arrêtée par la Gestapo le 13 juin 1942, en même temps que sa sœur Madeleine, elle aussi résistante, elle connaît les prisons de la Santé, de Fresnes jusqu'en mars 1943, puis le fort de Romainville, le camp de Compiègne où elle fait la connaissance de la mère de Germaine Tillion, et de nouveau Romainville à partir de février 1944. Elle est déportée à Ravensbrück le 15 août 1944.

Le 13 février 1945, les deux soeurs partent en transport pour le Kommando de Rechlin. Le 13 avril elles sont ramenées à Ravensbrück. À la libération du camp, le 22 avril 1945, elle et sa sœur sont prises en charge par la Croix-Rouge, et suite à l'intervention du comte Bernadotte, emmenées au Danemark et en Suède ; elle sont rapatriées en juillet 1945.

Elle a rédigé un témoignage dès 1948, La Grande Misère, éditions Chavanne, qui a reçu le grand prix « Vérité », (réédité chez Flammarion, 2015)

Commandeur de la Légion d'honneur, Croix de guerre et la Médaille de la Résistance.

La vermine ne tarde pas à nous envahir et se propage à une vitesse foudroyante

Renault Maisie
Allemagne / Ravensbrück | Hygiène - Les parasites

Une dernière fois, notre regard se croise, désespéré

Renault Maisie
Allemagne / Ravensbrück | Sélections

Rosane -

Professeur de cours complémentaires, déportée à Ravensbrück, libérée à Bergen-Belsen.

- Elle a publié son témoignage, Terre de cendres, Les Oeuvres françaises, Paris, 1946

Des exécutions de femmes, il y en eut à trois reprises

Rosane -
Allemagne / Ravensbrück | Exécution par fusillade

Rosoff Genia (Eugénie)

Déportée à Ravensbrück, entre février 1944 et avril 1945.

La seule lutte qui eût un sens c'était durer

Rosoff Genia (Eugénie)
Allemagne / Ravensbrück | Tenir le choc

Roubenne Madeleine

16 février 1924 à Paris – 19 juin 2012 à Paris

Jeunes mariés, Jean et Madeleine Aylmer rejoignent en 1942 le réseau de résistance de l’OCM (Organisation civile et militaire). Dénoncés, ils sont arrêtés en 1944. Jean Aylmer est déporté à Dora-Nordhausen, d’où il ne reviendra pas, tandis que Madeleine est incarcérée à Fresnes puis déportée par le convoi du 11 août 1944 qui arrive à Sarrebruck (camp de Neue Bremm) le 17 août, puis transférée le 2 septembre à Ravensbrück (matricule 61162). Le 21 mars 1945, elle donne naissance à sa fille Sylvie. Libérée le 28 avril 1945, par la Croix-Rouge suédoise, elle est rapatriée avec sa fille via la Suède.

Après le retour, elle travaille, jusqu’à sa retraite, comme secrétaire au ministère de l’Education nationale. En 1948, elle épouse Roger Roubenne.

- J’ai donné la vie dans un camp de la mort, J’ai Lu, Paris, 1999.

Ma fille est née au block 1

Roubenne Madeleine
Allemagne / Ravensbrück | Enfants - Nourissons

Segal Fanny

Prochainement

Dans la grande tente de Ravensbrück

Segal Fanny
Allemagne / Ravensbrück | Situations dans les camps - Début 1945 | 03:13

Simier Lucienne

7 juin 1897 à Saint-Germain-sur-Moine (49) – 10 mai 1887 à Angers

Lucienne Simier est intendante au Lycée du Bellay à Angers lorsqu’elle est arrêtée par la Gestapo, le 12 mars 1943, en même temps que la directrice et quatre professeurs, sous le prétexte d’ « Action criminelle contre l’Allemagne ». Incarcérée à Angers, Romainville puis Compiègne, elle est déportée à Ravensbrück où elle arrive le 1er mai 1943. Elle reçoit le matricule 19417. En février 1945, elle est envoyée pendant 3 semaines au Kommando de Reschling pour creuser des tranchées dans un camp d’aviation. Elle est libérée début avril 1945 par la Croix-Rouge suisse, lors d’un échange contre des prisonnières allemandes, et arrive à Paris le 14 avril.

Dès son retour, en mai 1945, elle écrit son témoignage « 2 ans au bagne de Ravensbrück », qui ne sera publié que presque 50 ans plus tard.

- 2 ans au bagne de Ravensbrück, Hérault-Editions, 1992

Arbres à abattre, roulage et empierrement des routes...

Simier Lucienne
Allemagne / Ravensbrück | Ravensbrück - Kommandos du camp

Dans l’immobilité pendant des heures entières…

Simier Lucienne
Allemagne / Ravensbrück | L'appel

Tillion Germaine

1907, Allègre - 2008, Saint-Mandé

Après des études d'archéologie et d'ethnologie, entre 1935 à 1940, elle est chargée de mission en Algérie, dans les Aurès. Elle revient à Paris au moment de la débâcle et prend, avec sa mère, le chemin de l’exode.

De retour à Paris, elle participe à un réseau d’aide aux combattants coloniaux et au groupe du Musée de l’Homme, dont elle devient l’une des responsables. Elle est arrêtée le 13 août 1942, incarcérée à la prison de la Santé puis à Fresnes. Elle est est classée dans la catégorie des NN (Nuit et Brouillard), déportée vers la prison d’Aix-la Chapelle puis au camp de Ravensbrück, le 31 octobre 1943 (Matricule 24588).

Elle n’est affectée à un aucun Kommando de travail mais reste disponible (Verfügbar) pour n’importe quelle corvée. Elle parvient à écrire une opérette, Le Verfügbar aux enfers dont le cahier est caché jusqu’à l’arrivée de la Croix-Rouge suédoise qui l'évacue vers Göteborg, le 24 avril 1945, avec un groupe de Françaises.

Après le retour, elle intègre le CNRS dans la section « Histoire contemporaine ». Elle est chargée d’une mission d’observation en Algérie, où elle développe l’organisation de Centres sociaux. Elle poursuit, toute sa vie, son engagement humanitaire. Elle a consacré un travail de recherche au camp de Ravensbrück et au système cocnentrationnaire.

Elle entre au Panthéon le 27 mai 2015.

- Ravensbrück, 1946 (1973, 1988)
- À la recherche du vrai et du juste. À propos rompus avec le siècle, Paris, Le Seuil, 2001
- Une opérette à Ravensbrück, Paris, La Martinière, 2005 (Le Seuil, coll. « Points », 2007) ;
- Combats de guerre et de paix, Paris, Le Seuil, 2007.

Une coalition de l’amitié

Tillion Germaine
Allemagne / Ravensbrück | Solidarité

Vous souvenez-vous de Claire ?

Tillion Germaine
Allemagne / Ravensbrück | Processus homicide

Ce Jugendlager était l'antichambre de la mort

Tillion Germaine
Allemagne / Ravensbrück | Processus homicide

Elles dormirent et moururent à même la boue

Tillion Germaine
Allemagne / Ravensbrück | Situations dans les camps - Début 1945

Qu’un autre dans ses vers chante les frais ombrages

Tillion Germaine
Allemagne / Ravensbrück | Trauma indélébile

Weinstein Suzanne

1917, Paris

Etudiante de sixième année, elle est arrêtée le 20 septembre 1943 ; internée à Compiègne, déportée à Ravensbrück le 31 juillet 1944 puis transférée à Genthin (près de Brandebourg). Elle s'évade le 6 mai 1945.

Sa thèse est aussi un témoignage sur sa déportation : Aperçu sur les conditions de vie et l'état sanitaire du camp de concentration de Ravensbrück : février-juillet, 1944, Faculté de médecine de Paris, 1946.

 

Ce linge « propre » était souillé de taches immondes

Weinstein Suzanne
Allemagne / Ravensbrück | Trauma indélébile

Will Elisabeth

Mulhouse, 1909  - ?

Elle est professeur au lycée de jeunes filles de Clermont-Ferrand lors de son arrestation, le 25 novembre 1943 ; elle est emprisonnée au « 92 » (caserne du 92e régiment d’infanterie) jusqu'au 26 janvier 1944, puis transférée au camp de Compiègne jusqu'au 29 janvier.

Elle est déportée au camp de Ravensbrück où elle reste du 1er février au 22 juillet 1944 (matricule 27856). Elle est ensuite transférée dans des Kommandos dépendants administrativement du camp de Buchenwald : à Leipzig (23 juillet au 31 juillet), à Schlieben, Arbeitskommando Hasag (1er aout 1944 à fin avril 1945).

 

 

Au block 13, en quarantaine

Will Elisabeth
Allemagne / Ravensbrück | Quarantaine

Une éternité de vide et d'ennui

Will Elisabeth
Allemagne / Ravensbrück | Quarantaine

Sur cette foule de parias régnait un corps de privilégiées assez nombreuses

Will Elisabeth
Allemagne / Ravensbrück | SS - Femmes auxiliaires

Tous les jours, la « Blockowa » recevait le Völkischer Beobachter

Will Elisabeth
Allemagne / Ravensbrück | Circulation de l'information

Subitement, nous furent embarquées dans un transport monstre de deux mille femmes

Will Elisabeth
Allemagne / Ravensbrück | Buchenwald - Camps annexes et Kommandos - Femmes