Pologne / Majdanek

Légende

Photo contemporaine 2016 - DR

Début : octobre 1941
Fin : 17 juillet 1944 / Arrivée de l'armée soviétique : 23 juillet 1944
Victimes : environ 500 000 personnes sont passées par ce camp originaires de nombreux pays.
170 000 à 235 000 personnes y moururent ou furent tuées, dont 60 000 à 80 000 Juifs.

Le camp de Majdanek, appelé également Lublin-Majdanek, était situé dans le faubourg Majdan Tatarski de la ville de Lublin du Gouvernement général de Pologne. Outre Majdanek, il existait à Lublin d'autres camps relevant de l'autorité de la SS et du chef de la police du district de Lublin, le major général SS Odilo Globocnik. Dans ces camps, les détenus travaillaient principalement pour les usines d'armement.

Majdanek fut aussi un centre de mise à mort pour de nombreuses victimes, au nombre desquels les membres de la Résistance polonaise, les otages provenant de la prison de la Gestapo de Lublin et les prisonniers juifs du camp jugés inaptes au travail. Lublin était le quartier général de l'Action Reinhard, le programme d'extermination des Juifs de Pologne confié, par la SS, à Globocnik et à ses hommes.

Le gouvernement civil allemand créa deux ghettos à Lublin. Dans le premier, créé en mars 1941, vivaient environ 30 000 Juifs. En mars et avril 1942, la SS et la police déportèrent la plupart de ses habitants vers le camp de mise à mort de Belzec. Les survivants, 5 000 personnes environ, furent confinés dans un nouveau ghetto situé à Majdan Tatarski, près du camp de Majdanek. Les SS les déportèrent à Majdanek en novembre 1942 et liquidèrent le ghetto de Majdan-Tatarski.

Comme Auschwitz, Majdanek était un camp de concentration qui servait également de centre de mise à mort. Il était situé sur la route principale reliant Lublin à Chelm, dans les proches faubourgs de Lublin.

Le camp de Majdanek était divisé en six quartiers. A l'automne 1943, le Quartier I était un camp de femmes, le Quartier II un hôpital pour les collaborateurs russes attachés à l'armée allemande, le Quartier III un camp destiné aux prisonniers politiques polonais de sexe masculin ainsi qu'aux Juifs de Varsovie et de Bialystok, le Quartier IV un camp pour hommes, principalement des prisonniers de guerre soviétiques, des otages civils et des prisonniers politiques, le Quartier V servait de camp hôpital réservé aux hommes et le Quartier VI, encore inachevé, devait accueillir des baraquements supplémentaires, des fours crématoires, des chambres à gaz et des usines. Les Allemands n'eurent pas le temps d'achever la construction de ce quartier avant la libération du camp.

Les opérations d'extermination au gaz commencèrent à Majdanek en octobre 1942 et se poursuivirent jusqu'à la fin de l'année 1943. Trois chambres à gaz situées dans un même bâtiment, servaient à gazer les prisonniers au moyen de monoxyde de carbone ou de Zyklon B.

Majdanek était principalement un camp de travail forcé pour les prisonniers polonais juifs et non-juifs et un centre de détention pour les membres de la Résistance polonaise du Gouvernement général. Les convois de Juifs provenant de Pologne centrale et destinés à Belzec s'arrêtaient souvent à Lublin, de telle sorte que les Allemands pouvaient sélectionner les prisonniers aptes au travail et fournir de la main d'œuvre à Majdanek. Les SS de Majdanek pratiquaient régulièrement des sélections. Les détenus jugés inaptes au travail étaient fusillés ou gazés.

Après la destruction du ghetto de Varsovie en mai 1943, quelque 18 000 survivants du soulèvement furent transférés à Majdanek dans les installations des anciennes usines du ghetto. Les Juifs devaient travailler à un nouveau projet industriel SS, l'Osti (Ostindustrie GmbH), qui nécessitait de la main-d'œuvre forcée. En réaction à la Résistance juive lors des déportations de Bialystok et de Vilna à l'été 1943 et aux soulèvements de Treblinka et de Sobibor (août et octobre 1943), la haute hiérarchie SS de Berlin décida d'exterminer les Juifs restants à Majdanek.

Le 3 novembre 1943, des unités spéciales de la SS et de la police furent envoyées à Majdanek pour y exécuter les Juifs. 18 000 personnes furent tuées à l'extérieur du camp. Ce massacre, qui dura une seule journée, fut perpétré dans le cadre de l'Aktion "Erntefest" (Opération "fête des moissons"), le nom de code de l'extermination nazie des Juifs survivants du district de Lublin du Gouvernement général. Pendant les exécutions, les haut-parleurs diffusaient de la musique dans le camp pour couvrir le bruit.

Alors que les troupes soviétiques s'approchaient de Lublin en juillet 1944, les Allemands évacuèrent en hâte Majdanek et n'eurent pas le temps de le démanteler entièrement. Les Soviétiques entrèrent dans la ville et libérèrent le camp presque intact le 24 juillet. Majdanek fut le premier camp de concentration important à être libéré. Dès la fin de l'été, les autorités soviétiques y invitèrent des journalistes pour leur faire constater les horreurs qui s'y étaient produites.

De 170 000 à 235 000 personnes moururent ou furent tuées à Majdanek, dont 60 000 à 80 000 Juifs. La plupart succombèrent à la dénutrition, aux maladies, au froid et à la torture, ou du fait du travail exténuant effectué sous la menace. Le nombre de victimes des chambres à gaz de Majdanek n'est pas connu avec exactitude.

Encyclopédie Multimédia de la Shoah
United States Holocaust Memorial Museum
Traduction ©Mémorial de la Shoah, Paris, France
ushmm.org/fr/holocaust-encyclopedia

 

Camp
Camps annexes et Kommandos

Bojczyk Guta

Biographie

Gold Hanna

Biographie

Vrba Rudolf

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Déportés transférés vers ce camp et/ou ses camps annexes et kommandos


Opatowski Szyja

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Rogerie André

Biographie

Bojczyk Guta

1926, Varsovie

Guta est née à Varsovie en 1926 au sein d’une famille aisée, pratiquante – son père avait un commerce de boucherie en gros. Elle est la petite dernière, après une sœur née en 1918, un frère en 1920 et une autre sœur, en 1923. Les enfants ont suivi une scolarité à l’école laïque et n’ont pas ressenti d’antisémitisme.

La guerre bouleverse leur vie. Leur maison est détruite par les bombardements allemands lors de l’invasion en 1939. Ils doivent déménager. Et de nouveau après la création du ghetto et l’enfermement de la population juive. La famille trouve à se loger dans la rue Ogrodowa puis Nalewki.

Sa sœur aînée meurt de maladie dans le ghetto, son frère a sans doute été fusillé, elle ne connaît pas le sort de son père et de son autre sœur. Elle reste avec sa mère. En mai 1943, toutes deux sont emportées en convoi. A l’arrivée au camp de Majdanek, elles sont séparées. Sa mère a été gazée dès l’arrivée.

Guta est envoyée au camp d’Auschwitz-Birkenau où elle est affectée au travail forcé, d’abord au Kommando de la Weberei puis à celui de l’Union Werke.

Le 18 janvier 1945, elle subit la Marche de la Mort. Elle est envoyée au camp de Ravensbrück puis celui de Malchow. Elle est libérée par les troupes soviétiques.

Après la guerre, elle revient à Varsovie mais ne retrouve aucun membre de sa famille. Elle se marie à un survivant du ghetto de Lodz qui avait été envoyé au camp de Dachau. Ils vivent à Varsovie avec leurs deux enfants jusqu’en 1957 où ils décident de venir vivre en France.

A Majdanek, la dernière fois que j'ai vu ma mère

Bojczyk Guta
Pologne / Majdanek | Sélection à l'arrivée des convois | 00:00

Gold Hanna

1923 à Konstantinow (Pologne) (née Goldring)

La ville de Konstantinow se situe à la frontière avec la Russie. Son père était comptable dans une banque puis devient instituteur. Sioniste, il donne une éducation juive à Hanna, sa fille aînée. La guerre survient alors qu’elle allait entrer au lycée. Elle suit une formation de sténodactylo. Elle devient secrétaire du Judenrat (Conseil juif) chargé par les Allemands d'établir une liste de tous les Juifs.

Konstantinow dans le district de Lublin sert de base arrière à la Wehrmacht dans la préparation de l’Opération Barbarossa.
Les Juifs de la ville sont transférés dans un autre ghetto, Biala Podlaska, où sont rassemblés tous les Juifs de la région. Le ghetto est surpeuplé. Les premiers jours de la fête de Souccot, les Allemands perpètrent un massacre. Sa grand-mère est tuée. Ils sont transférés dans un autre ghetto, Miedzyrzec Podlaski (à environ 30 kilomètres de Treblinka). L’une de ses tantes est fusillée. La famille se protège dans une cave avec d’autres Juifs.

Le père obtient des autorités polonaises de Konstantinow, la délivrance de « kennkarte » réservées exclusivement aux Polonais. Lors d’une « action » (d’une rafle), ils sont emmenés dans la synagogue de Miedzyrzec Podlaski où les Allemands ont rassemblé tous les Juifs, préparant leur déportation vers Treblinka. Sa petite sœur, Tilka, douze ans, qui a tenté de se sauver, est fusillée. Hanna et sa sœur Esther parviennent à sortir de la synagogue et se cachent, à la différence de leur mère qui est déportée en novembre 1942 au centre de mise à mort de Treblinka. Avec leur oncle, Hanna et sa sœur Esther, sa cadette, restent cachés dans le ghetto. Elles retrouvent leur père.

Ils sont pris dans une rafle et déportées le 2 mai 1943 au camp de Majdanek ; en juillet 1943, elles sont envoyées au camp d’Auschwitz où elles sont affectées à un Kommando extérieur, puis dans une tannerie.

Hannah subit une Marche de la Mort le 18 janvier 1945, vers Gleiwitz puis des transports en wagons ferroviaires ouverts vers le camp de Ravensbrück, puis de Neustadt où elle est libérée le 2 mai par l'armée britannique.

De sa fratrie, seuls sa sœur Esther et son oncle Leibou ont survécu.

On est arrivés à Majdanek

Gold Hanna
Pologne / Majdanek | Sélection à l'arrivée des convois | 04:19

Opatowski Szyja

1922 Radom (Pologne) - 2011

Il naît dans une famille modeste, juive pratiquante, troisième enfant après Isaac et Anette. Ses parents, tiennent une petite épicerie. En 1926, son père, Yossef, décède. En 1933, ses grands-parents maternels rejoignent cinq de leurs huit enfants en Palestine alors que son son frère et sa sœur vont s’établir en France. Il reste seul avec sa mère. Il apprend la couture.

Dès le 7 septembre 1939, les Allemands sont à Radom. En avril 1940, il est envoyé au camp de travail de Belzec (construction de fortifications et d’obstacles antichars) et peut revenir en octobre à Radom. En avril 1941 le ghetto est créé. Le 6 août 1942, 12 000 Juifs du petit ghetto sont déportés vers Treblinka. Il est séparé de sa mère, déportée et assassinée à Treblinka. Le 16 août, les Allemands déportent 30 000 Juifs vers Treblinka où ils sont assassinés.

En décembre 1942, il fait partie d’une colonne de 3 000 Juifs conduits à pied à Szydlowiec, à 30 km de Radom. Mais en janvier 1943, il réussit à rentrer au ghetto de Radom pour s’y cacher ; il se fait inscrire dans un commando de tailleurs qui part pour le camp de travail de Szkolna. En mars 1943 avec 24 autres tailleurs, il est envoyé au camp de Blizyn. En juin 1944, il est envoyé au camp de Birkenau (Matricule B1982). Il travaille comme terrassier, à creuser des tranchées. En décembre 1944, il parvient à s’inscrire comme électricien dans un Kommando en partance pour l’Allemagne. Il passe quelques jours au camp de Sachsenhausen, pour il est envoyé au camp de Dachau (Matricule 127149). Après deux jours, il repart pour Landsberg, puis pour le camp n°11 de Kaufering.

En avril 1945, il est de nouveau « évacué » vers Dachau et repart dans une nouvelle marche d’évacuation. Il s’évade et trouve refuge dans une maison dans la forêt, parmi des soldats allemands qui attendent la fin de la guerre.

Il est libéré le 2 mai par les Américains. En juillet, ces derniers installent les survivants de Radom dans un immeuble réquisitionné à Stuttgart. Ayant voulu passer illégalement en France, il est arrêté en Belgique, où il est emprisonné treize semaines avec un groupe de personnes déplacées. En juillet 1946, il passe illégalement en France où il rejoint sa sœur à Paris. Il trouve rapidement du travail dans la confection avant de créer son entreprise. Il se marie et a un enfant.

A Blizyn, 24 heures sur 24, nous fabriquions des vêtements destinés aux soldats du front de l’Est

Opatowski Szyja
Pologne / Majdanek | Situations concentrationnaires /Le travail forcé

Rogerie André

1921, Ville Fagnan (Charentes) – 2014, Martigné-Briand (Maine et Loire)

Etudiant, il prépare Saint-Cyr lorsqu’il entre en résistance. Il est arrêté le 3 juillet 1943 à Dax alors qu'il rejoint la France Libre en Afrique du Nord. Interné successivement à Biarritz, Bayonne, Bordeaux, puis Compiègne, il est déporté fin octobre 1943, au camp de Buchenwald, puis Dora, Majdanek d'où il est transféré au camp de Birkenau, le 18 avril 1944. (Matricule 183070)
Il y reste jusqu'à l'évacuation du camp, le 18 janvier 1945. La Marche de la Mort le conduit successivement dans les camps de Gross-Rosen, Nordhaussen, Dora puis Harzungen. Il est libéré le 11 avril 1945, après s'être évadé d'une colonne dans la région d'Harzungen.

A son retour, il retrouve ses trois sœurs et sa mère. Son père, officier, était mort des suites de la Première Guerre mondiale. Son frère, officier, a été tué dans les combats de 1940.

Dès son retour il a écrit un témoignage capital, Vivre, c’est vaincre, 1946, édité à compte d’auteur ; réédité, par l’Amicale d’Auschwitz, Paris, 1994.
Dans les années 1980, il reprend la parole pour combattre les idées négationnistes.

 

La vision du block est effrayante

Rogerie André
Pologne / Majdanek | Camp de Madjanek

Vrba Rudolf

1924, Topoľčany (Slovaquie) – 2006, Vancouver (Canada)

Rudolf Vrba (né Walter Rosenberg). Durant la guerre, en Tchécoslovaquie, sa famille est victime des lois antisémites.

Au printemps 1942 après avoir formé le projet de rejoindre la Grande-Bretagne, il est arrêté et fait prisonnier au camp slovaque de Nováky. Il est ensuite transféré mi juin 1942 au camp de Majdanek, et envoyé fin juin au camp d’Auschwitz.

D'août 1942 à juin 1943, il est affecté au Kommando du Canada puis à l’été 1943, au poste de secrétaire du camp de quarantaine des hommes, à Birkenau, où il peut collecter des informations sur le génocide en cours.

Il parvient à s’échapper le 10 avril 1944 avec Alfred Wetzler. En Slovaquie, tous deux témoignent du génocide. Le « Rapport Vrba-Wetzler » est transmis aux Alliés en juin 1944. Rudolf Vrba s’engage dans l'armée des partisans tchécoslovaques en septembre 1944.

Après la guerre, il mène une carrière de chercheur en neurochimie et d'enseignant en pharmacologie.

En 1963, il publie ses mémoires, I cannot forgive, Londres, Grove Press Inc. Republié en 1986, Escape from Auschwitz, Je me suis évadé d’Auschwitz (traduit de l’anglais), Paris, édition Ramsey, 1998. Il est l'un des témoins de Shoah film de Claude Lanzmann.