Pologne / Sobibor

Légende

Photo contemporaine 2016 - DR

Début : mai 1942
Fin : automne 1943
Victimes : environ 250 000 Juifs

Les déportations vers Sobibor eurent lieu entre mai 1942 et l'automne 1943. Les Juifs déportés à Sobibor venaient principalement des ghettos de l'est de la Pologne, surtout de la région de Lublin. Les Nazis y déportèrent aussi des Juifs des territoires soviétiques occupés, de Bohême et Moravie, d'Autriche, des Pays-Bas, de Belgique et de France. Les Allemands et leurs auxiliaires exterminèrent environ 250 000 personnes à Sobibor. Début 1943, les prisonniers du camp de travail organisèrent un mouvement de résistance. Le 14 octobre 1943, 600 prisonniers se révoltèrent et tentèrent de fuir en masse. Ils tuèrent de nombreux gardes allemands et ukrainiens. Sur les 300 qui réussirent à s'échapper, plus de 100 furent repris et fusillés. Après la rébellion, Sobibor fut fermé et le camp démantelé.

Le petit village de Sobibor, au centre de la Pologne, est situé à 5 kilomètres à l'ouest de la rivière Bug et à 8 kilomètres au sud de Wlodawa. Durant l'occupation allemande, cette région faisait partie du Gouvernement Général de Pologne. Sobibor fut le second camp d'extermination construit dans le cadre de l'Action Reinhardt, plan nazi visant à exterminer tous les Juifs de Pologne. Il fut situé dans une région boisée, marécageuse, faiblement peuplée, à côté de la voie ferrée Chelm-Wlodawa. D'une superficie de 400 mètres sur 600, il était camouflé par des branchages glissés dans des fils barbelés. Le camp était entouré par un champ de mines de 15 mètres de large.

Sobibor était divisé en trois zones : une zone administrative, une zone de réception et une zone d'extermination. La zone administrative était composée des bureaux et des logements des gardes allemands et ukrainiens (formés à Trawniki) et des baraquements réservés à la main-d’oeuvre concentrationnaire. La zone de réception comprenait la voie de chemin de fer de garage, la rampe, les baraques où les déportés étaient déshabillés, et les entrepôts pour stocker les biens volés aux victimes. La zone d'extermination comprenait les chambres à gaz, les fosses communes et les baraquements pour les prisonniers affectés aux travaux forcés. Un couloir étroit, surnommé le "tube", reliait les zones de réception et d'extermination.

Après quelques expériences, les Nazis commencèrent les opérations de gazage au début de mai 1942. Des convois de 40 à 60 wagons de marchandises arrivaient à la gare de Sobibor. Vingt par vingt, ils pénétraient dans la zone de réception où les gardes allemands faisaient sortir les victimes sur la plate-forme. Là, des officiers allemands annonçaient aux déportés qu'ils venaient d'arriver dans un camp de transit et qu'ils devaient remettre leurs objets de valeur. Ils les envoyaient dans les baraques, les obligeaient à se dévêtir et à passer par le "tube" qui menait directement aux chambres à gaz, lesquelles portaient un panneau "Douches". Dans le "tube", les femmes étaient tondues dans une baraque spéciale. Les portes des chambres à gaz une fois closes, les gardes, dans une pièce adjacente, mettaient en marche un moteur qui envoyait du monoxyde de carbone, en tuant tous les occupants. Le processus se répétait avec les occupants des wagons suivants.

A Sobibor, certains prisonniers, maintenus vivants, étaient chargés d'évacuer les corps des chambres à gaz et de les enterrer dans les charniers. Ils triaient également les affaires des victimes et nettoyaient les wagons de marchandises. En outre, ils étaient forcés de participer à la détention des nouvelles victimes juives. Avant que ne cesse le gazage à Sobibor à l'automne 1943, les corps furent exhumés des charniers pour être brûlés sur des bûchers afin de faire disparaître toute trace des meurtres en masse.

 

Chronologie

Globocnik est à la tête de la police et des SS
1er novembre 1939

Heinrich Himmler, dirigeant SS et chef de la police allemande, nomme le général SS Odilo Globocnik à la tête des SS et de la police du district de Lublin en Pologne occupée. Globocnik est ensuite chargé d'organiser le génocide des Juifs dans le Gouvernement général (le territoire de l’intérieur de la Pologne occupée). Cette opération sera appelée Action Reinhard, du nom du chef de la Sûreté du Reich Reinhard Heydrich. Les SS créeront trois camps – Belzec, Sobibor et Treblinka – spécialement conçus pour faciliter l’extermination des Juifs. Au cours des années 1942 et 1943, plus d’1,7 million de Juifs seront assassinés dans ces camps et durant le trajet. 

Stangl prend le commandement du camp
28 avril 1942

Le premier lieutenant SS Franz Stangl arrive à Sobibor et prend le commandement du camp. Auparavant, il était le surintendant du centre d'"euthanasie" d'Hartheim en Allemagne. Les SS envoyaient les handicapés mentaux et physiques ainsi que les prisonniers concentrationnaires malades ou faibles se faire tuer à Hartheim, Stangl s'était déjà familiarisé avec l'utilisation du monoxyde de carbone pour tuer un grand nombre de personnes. Sobibor est situé dans un endroit isolé, à l'écart d'une grande ligne de chemin de fer reliant Varsovie et Brest-Litovsk. 

Premières déportations vers Sobibor
3 mai 1942

Les SS déportent 2 000 Juifs de la région de Zamosc, dans le district de Lublin. C'est l'une des premières déportations à arriver à Sobibor. Ils étaient pratiquement tous gazés ou fusillés à leur arrivée. Le gazage était déjà chose courante dans les trois chambres à gaz situées dans un bâtiment en brique. Environ 400 personnes étaient laissées provisoirement en vie, pour fournir la main d'œuvre nécessaire aux exterminations dans ces camps. Durant la première phase des déportations, qui allait durer jusqu'à fin juillet 1942, les SS et la police déportèrent entre 90 000 et 100 000 Juifs à Sobibor. Ils venaient pour la plupart de la province de Lublin, en Pologne occupée. Il y avait aussi des milliers de Juifs provenant d'Allemagne, d'Autriche et des zones tchèques occupées, dont les Allemands avaient déjà été déportés dans des ghettos en Pologne. Fin juillet, les SS interrompirent les déportations vers Sobibor afin de moderniser la voie ferrée qui y menait. 

Himmler accélère les opérations d'extermination
19 juillet 1942

A Lublin, Himmler rencontre Odilo Globocnik et Friedrich Wilhelm Krüger, chef de la SS et de la police dans le Gouvernement général. Ils parlent des exterminations. Himmler ordonne la "réorganisation," euphémisme pour la déportation et l'extermination de tous les Juifs du Gouvernement général d'ici fin 1942. Les ordres de Himmler accélèrent le programme d'extermination. 

Les déportations vers Sobibor continuent
8 octobre 1942

Le gazage reprend à Sobibor avec la déportation de 1 500 Juifs d'Izbica, dans la région de Lublin, en Pologne occupée. Les déportés sont tués à Sobibor. Durant les deux mois d'accalmie dans les déportations, les SS avaient installé de nouvelles chambres à gaz à Sobibor. Elles pouvaient tuer 1 300 personnes à la fois. Ils installèrent également un petit rail qui menait directement de la plate-forme de réception aux charniers. Les wagons emmenaient les morts, les malades ou ceux qui n'étaient pas capables de marcher directement vers les charniers où ils étaient directement fusillés par les SS. 

Déportations à partir des Pays-Bas
5 mars 1943

Début des déportations vers Sobibor des internés du camp d’internement de Westerbork aux Pays-Bas. A partir de cette date et jusqu’en juillet 1943, les autorités SS de Westerbork déportèrent en 19 convois plus de 34 000 Juifs à Sobibor. Le personnel du camp et les gardes les gazèrent ou les abattirent presque tous à leur arrivée au camp. 

Déportations à partir de la France
23 mars 1943

Un convoi de Juifs déportés de France quitte le camp d’internement de Drancy, dans la banlieue parisienne, pour Sobibor. Les autorités SS en France expédièrent à Sobibor deux trains de déportation, soit environ 2 000 Juifs. Les déportations de France vers les camps de l’est, en premier lieu Auschwitz, commencèrent en mars 1942 et se poursuivirent jusqu’en août 1944. 

Déportation des Juifs à partir des ghettos
18 septembre 1943

Exécutant l’ordre donné par Himmler en juillet 1943 de liquider les ghettos du Reichskommissariat Ostland, les SS détruisent les ghettos de Minsk, Lida et Vilno (Vilnius aujourd'hui) et déportent à Sobibor tous les Juifs « non indispensables ». Les premiers convois de Minsk et de Lida partirent pour Sobibor à cette date. Dans le premier convoi de déportation au départ de Minsk se trouvait Alexander (Sasha) Pechersky, un prisonnier de guerre soviétique qui, du fait de sa formation militaire, allait jouer un rôle central dans le mouvement de résistance à Sobibor. A la fin du mois, plus de 13 000 Juifs arrivèrent à Sobibor. Les SS gazèrent ou abattirent la plupart des déportés à leur arrivée. 

Soulèvement à Sobibor
14 octobre 1943

Les prisonniers de Sobibor se soulèvent et tuent plusieurs gardes allemands et ukrainiens. Sur les 600 prisonniers, 300 réussirent à s’évader de Sobibor. Parmi les survivants, se trouvait Alexander Perchersky, le prisonnier de guerre soviétique qui avait dirigé la Résistance en préparant le soulèvement. Les SS devaient reprendre et abattre une centaine de prisonniers évadés. Les prisonniers de la section de travail forcé de Sobibor avaient organisé un mouvement de résistance clandestin au début de 1943, lorsqu’il était devenu évident que le rythme du gazage à Sobibor ralentissait. Une fois le gazage terminé, les SS prévoyaient de fermer le camp et d’assassiner les derniers prisonniers. Les SS fermèrent et démantelèrent le camp, dissimulant le site par une ferme et un jardin. Le camp de Sobibor aura existé pendant un an et demi, période durant laquelle environ 250 000 personnes, presque toutes juives, y furent exterminées. 

Globocnik rend compte du démantèlement
4 novembre 1943

Dans une lettre à Himmler, Odilo Globocnik remet les conclusions de l’Action Reinhard et rapporte que les camps d’extermination de Belzec, Sobibor et Treblinka ont été démantelés. Le personnel SS et quelques prisonniers juifs demeuraient sur place pour camoufler toute trace de l’existence des camps. En janvier 1944, Globocnik allait produire son dernier rapport à Himmler, y exposant les résultats de l’Action Reinhard. On estime à 1,7 million le nombre de personnes assassinées dans les camps de l’Action Reinhard.

Encyclopédie Multimédia de la Shoah,
United States Holocaust Memorial Museum
Traduction ©Mémorial de la Shoah, Paris, France
ushmm.org/fr/holocaust-encyclopedia

Camp
Camps annexes et Kommandos

Aire d'assassinat de Sobibor en Pologne

Blatt Tomasz (Toivi)

Biographie

Raab Esther

Biographie

Schelvis Jules

Biographie

Déportés transférés vers ce camp et/ou ses camps annexes et kommandos



Blatt Tomasz (Toivi)

Sobibor

Sobibor

Blatt Tomasz (Toivi)
Pologne / Sobibor | Centre de mise à mort - Sobibor

Raab Esther

Sobibor rescapée témoignage : voir Ushm et Pays Bas livre ?

Sobibor

Raab Esther
Pologne / Sobibor | Centre de mise à mort - Sobibor

Schelvis Jules

Sobibor

Sobibor

Schelvis Jules
Pologne / Sobibor | Centre de mise à mort - Sobibor