Lorsque les SS avaient besoin de pierres, nous descendions à 2500 jusqu'au bas du front de taille

Plusieurs fois lorsque les SS avaient besoin de pierres pour des constructions dans le grand camp, nous allions donner un coup de main à nos camarades de la carrière dont l'effectif était réduit à 1000. Nous descendions à 2500 jusqu'au bas du front de taille et il fallait rapidement choisir une pierre entre 20 et 30 kilos sous l'oeil et le Gummi attentif du "gros bras", le Kapo de la carrière qui autrement avait vite fait de vous mettre une pierre de 50 kg. sur le dos, qu'on n'était pas sûr de pouvoir porter sur 1,5 km, avec un dénivelé d'une centaine de mètres, c'était très pénible. En rang par cinq on ne traînait pas pour se décharger quand le S.S. vous faisait signe à l'endroit qu'il avait choisi.

Pierre BEUVELET, Soixante années ont passé !... Un quart de siècle... Une tranche de vie !, Tome II, La Drôle de Guerre - Réseau Brutus - Prison Saint Michel - Auschwitz  - Buchenwald - Flossenburg, in « Les guerres du XXe siècle à travers les témoignages oraux », Collection Michel El Baze, réalisée dans le cadre de l’Association Nationale des Croix de Guerre, Nice, 1989, p.53