Après la traversée de la ville, nous arrivâmes au camp

A notre arrivée à la gare d’Oranienburg, tous nous nous rappelons les hurlements et les coups que nous distribuèrent nos SS. Pour ma part, comme bien d’autres, j’avais souffert pendant le voyage, du fait que je suis asthmatique aussi j’étais en triste état à l’arrivée. Et je me demandais comment je pourrais tenir le coup si la route était longue.

Après la traversée de la ville, nous arrivâmes au camp. Je savais ce qui nous attendait au camp ayant eu l’occasion de lire un livre sur Sachsenhausen en 1939. Aussi sur la place d’appel, je vis de mes yeux le sinistre camp que j’avais vu en photo. A l’entrée, un SS montait la garde. Nous étions par cinq, moi au bord de la colonne tenant ma valise d’une main et l’autre dans la poche à cause du froid ou l’habitude. Soudain, j’entendis un hurlement que je ne pris pas pour moi, mais ce que je sentis. C’est un coup de pied aux fesses. C’était la sentinelle qui me faisait comprendre que c’était fini de penser à mes douleurs, à mon asthme.

Marcel STIQUEL, Témoignage manuscrit. Fonds de l'Amicale des Anciens Déportés et Familles de Disparus d'Oranienburg-Sachsenhausen, déposé aux Archives Nationales.