Lettre de Gustave Ziboulsky à son épouse

Samedi 20 juin 1942

Ma chère femme adorée,

C'est aujourd'hui mon dernier jour à Drancy. Aie confiance, car je pars avec courage après t'avoir aperçu avec nos deux filles. Je pars avec beaucoup d'amis, dont Macol et Cario de ma chambre. Nous partons en Allemagne. Peut-être, étant arrivé à la frontière, pourrais-je être libéré avec mes blessures, mais il ne faut pas y compter. Tu iras voir Cario, ou sa femme plutôt, qui te lira la lettre de courage, car moi je ne sais pas ce que j'écris.

Nous partons dans une ville démolie pour reconstruire et déblayer près de Cologne, mais tout n'est pas certitude. Si je peux m'évader, je rejoindrai Serge, tu recevras ma valise pleine de choses diverses, ainsi que le sac avec du linge. Je ne te donne pas l'inventaire pour une fois, car je n'ai pas la tête.

Ne pleure pas, ma chère Maggy, ainsi que nos chers enfants et parents, et ne me plaignez pas, cela me portera chance et bientôt, cette maudite guerre terninée, nous nous retrouverons tous en bonne santé.

Espoir, chérie de mon cœur, et très bientôt la fin de cet affreux cauchemar. J'ai reçu ton gros colis de conserve, ainsi que le colis de linge. Tu t'es privée pour m'envoyer ces conserves, Merci, merci, et bientôt je reviendrai et nous mangerons comme auparavant. Je termine mon unique amour en t'envoyant mes plus douces pensées qui restent toujours pour toi et notre famille. Yïsso te remettra 2500 F Courage et patience et confiance, et nous aurons encore du bonheur. Vois la cousine et la tante et soigne-toi, ainsi que les enfants.

Mille bisous, ma femme adorée de ton mari qui pensera à toi toute sa vie.

Serge - Mimi et Rosette et Maggy

Lettre de Gustave Ziboulsky à son épouse, 20 juin 1942
Archives, Centre de documentation juive contemporaine - Mémorial de la Shoah, Paris
Référence DLXXI-12