Le sort atroce des évadés repris

Le sort des évadés repris fut particulièrement atroce. Le premier dans ce cas, un Russe, fut pendu sur la place d’appel devant tout le camp réuni. Après l’évasion du second Russe, tous ses compatriotes du camp furent admis en Strafkompanie et durent courir un jour entier pieds nus, sans aucune nourriture, ni le moindre repos, portant de lourds fardeaux, sous les coups continuels des soldats et des Kapo. Quand, le soir, leur camarade fut retrouvé, ils durent le tuer à coups de bâton. Par la suite, les évadés repris et blessés étaient enfermés dans la cave de l’infirmerie où il fallait les laisser mourir sans soin, sans nourriture, car la clé était entre les mains des SS. J’ai vu ainsi un jeune Russe aux pieds complètement broyés survivre trois jours à ses horribles blessures. Il fut un temps où le camp entier réuni sur la place d’appel au garde-à-vous, jusqu’à ce que l’évadé fut repris.

Jean ECOLE, « Souvenirs de la déportation ou la vie à Mauthausen et à Melk », Procès verbal de la déclaration de Jean Ecole au procès de Dachau, 1946