L'univers qu'on prétendait nous imposer

L’univers qu’on prétendait nous imposer exigeait qu’on lui imposât un refus total. Non, certes, refus de le voir, nous en eussions été bien empêchés. Mais refus de le tenir pour vrai, de s’y soumettre, d’en accepter les lois, d’en prendre les usages, de lui conférer un caractère permanent.
A l’abri de ce refus total, chacun de ceux qui avaient la force de dépasser ce moment sans en tenir compte autrement que pour le dominer, poursuivait sa vie propre et singulière.

Louis MARTIN-CHAUFFIER, L'Homme et la bête, Paris, Gallimard, 1947, p. 120