L’association a été fondée dès le retour des Déportés, le 1er juillet 1945, par deux personnalités de premier plan, toutes deux déportés à Buchenwald. Elles animèrent la résistance interne des Français dans le camp, et prirent une part majeure à sa libération :
– Marcel Paul (1900-1982), ancien militant syndicaliste et élu communiste de Paris, résistant de la première heure, qui fut après la guerre ministre de la production industrielle du général de Gaulle et créateur de l’EDF;
– Le colonel Frédéric Henri Manhès (1889-1959), adjoint pendant la Résistance de Jean Moulin, Président du Conseil National de la Résistance (C.N.R.).
Constituée au départ pour maintenir les liens de solidarité unissant les rescapés des camps de Buchenwald, de Dora et de leurs kommandos, et défendre leurs intérêts matériels et moraux, l’activité de l’association s’est rapidement élargie à l’ensemble des actions de défense et de diffusion de la mémoire de la Résistance et de la Déportation dans ces camps, en s’ouvrant aux familles et aux sympathisants.
L’Association comprend aujourd’hui plus de 1200 adhérents dont plus de 200 déportés et un nombre croissant de personnes « extérieures » au monde de la déportation. Présents dans tous les départements de la France métropolitaine, ses membres élisent annuellement un conseil d’administration et un bureau exécutif.
La direction de l’association a été assurée de 1990 à 2001 par Guy Ducoloné ancien vice-président de l’Assemblée Nationale, ancien Déporté Résistant. Depuis cette date, ce sont des fils de déportés qui ont cette responsabilité : Jean-Claude Gourdin tout d’abord, puis Dominique Durand et Alain Rivet. Depuis 2013 Dominique Durand est à nouveau Président. Ce choix est la concrétisation de la volonté de l’association de perpétuer son activité par les descendants des Déportés. C’est leur génération qui anime, au coté de deux anciens déportés, Bertrand Herz et Gaston Viens, les fonctions dévolues au bureau exécutif. Plusieurs bénévoles apportent leur aide pour les activités de l’association, au siège, comme dans les Comités Régionaux.
Retrouvez ici la composition du Conseil d’Administration
Le Serment de Buchenwald
Le 19 avril 1945, les 21.000 déportés rescapés de Buchenwald se réunissent sur la place d’appel du camp pour faire tous ensemble le serment à tous les camarades morts en déportation à Buchenwald, Dora, dans les Kommandos, au cours des marches de la mort, que leur martyr ne sera jamais oublié, et qu’ensemble, jusqu’au bout, les survivants combattront les fléaux que sont pour l’humanité : le fascisme, l’antisémitisme, le racisme et la haine de l’autre.
Ce serment, qui lie toujours les survivants de Buchenwald, Dora et leurs Kommandos, a préfiguré de la Charte universelle des droits de l’Homme de l’Organisation des Nations Unies (ONU) en 1945.
Le 19 avril 1945 eut lieu sur la place d’appel une cérémonie de commémoration, initiée par le Comité International de Résistance du camp, devant un obélisque en bois réalisé à cet effet par les prisonniers, pour leurs compagnons de détention morts ou assassinés.
Dans plusieurs langues, les prisonniers lurent une déclaration dont la fin est entrée dans la Mémoire en tant que « Serment de Buchenwald ».
Les participants à la cérémonie jurèrent de continuer le combat jusqu’à l’éradication définitive du nazisme, et de s’engager à reconstruire un monde de paix et de liberté ».
Le Serment
Nous, les détenus de Buchenwald, nous sommes venus aujourd’hui pour honorer les 51.000 prisonniers assassinés à Buchenwald et dans les Kommandos extérieurs par les brutes nazies et leurs complices.
51.000 des nôtres ont été fusillés, pendus, écrasés, frappés à mort, étouffés, noyés et tués par piqûres.
51.000 pères, frères, fils sont morts d’une mort pleine de souffrance, parce qu’ils ont lutté contre le régime des assassins fascistes.
51.000 mères, épouses et des centaines de milliers d’enfants accusent.
Nous, qui sommes restés en vie et qui sommes des témoins de la brutalité nazie, avons regardé avec une rage impuissante, la mort de nos camarades. Si quelque chose nous a aidé à survivre, c’était l’idée que le jour de la justice arriverait.
AUJOURD’HUI, NOUS SOMMES LIBRES
Nous remercions les armées alliées, les Américains, les Anglais, les Soviétiques et toutes les armées de Libération qui luttent pour la Paix et la vie du monde entier.
Nous rendons hommage au grand ami des antifascistes de tous les pays, à l’organisateur et initiateur de la lutte pour un monde nouveau, que fut F.D. Roosevelt. Honneur à son souvenir.
Nous, ceux de Buchenwald, Russes, Français, Polonais, Slovaques et Allemands, Espagnols, Italiens et Autrichiens, Belges et Hollandais, Luxembourgeois, Roumains, Yougoslaves et Hongrois, nous avons lutté en commun contre les SS, contre les criminels nazis, pour notre libération.
Une pensée nous anime : NOTRE CAUSE EST JUSTE, LA VICTOIRE SERA NOTRE
Nous avons mené en beaucoup de langues, la même lutte dure et impitoyable. Cette lutte a exigé beaucoup de victimes et elle n’est pas encore terminée.
Les drapeaux flottent encore et les assassins de nos camarades sont encore en vie. Nos tortionnaires sadiques sont encore en liberté. C’est pour ça que nous jurons, sur ces lieux de crimes fascistes, devant le monde entier, que nous abandonnerons seulement la lutte quand le dernier des responsables sera condamné devant le tribunal de toutes les Nations.
L’écrasement définitif du nazisme est notre tâche.
NOTRE IDEAL EST LA CONSTRUCTION D’UN MONDE NOUVEAU DANS LA PAIX ET LA LIBERTE.
Nous le devons à nos camarades tués et à leurs familles.
Levez vos mains et jurez pour démontrer que vous êtes prêts à la lutte.