Les parcours pédagogiques
Au fil des modifications des programmes d’histoire des classes du premier et du second degré, la Shoah est étudiée à plusieurs niveaux de la scolarité, en tenant compte de l’âge et du degré de maturité des élèves.
Le Thème 3 du programme d’histoire s’intitule « La France, des guerres mondiales à l’Union européenne ». À partir des traces de la Grande Guerre et de la Seconde Guerre mondiale dans l’environnement des élèves (lieux de mémoire et du souvenir, paysages montrant les reconstructions, dates de commémoration), on présente l’ampleur des deux conflits en les situant dans leurs contextes européen et mondial. On évoque la Résistance, la France combattante et la collaboration. On aborde le génocide des Juifs ainsi que les persécutions à l’encontre d’autres populations. L’élève découvre que des pays européens, autrefois en guerre les uns contre les autres, sont aujourd’hui rassemblés au sein de l’Union européenne. (Source Eduscol).
Les élèves travaillent souvent à partir de l’histoire de leur quartier, surtout s’il y a des enfants cachés, des enfants déportés et participent à des concours qui mettent en valeur le travail de mémoire.
Le thème 1 du programme d’histoire s’intitule « L'Europe, un théâtre majeur des guerres totales (1914-1945) »
Après le chapitre « Démocraties fragilisées et expériences totalitaires dans l'Europe de l’entre-deux-guerres », les élèves étudient l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, « une guerre d'anéantissement », ainsi que la France défaite et occupée, le Régime de Vichy, la collaboration, la Résistance.
Les élèves abordent la notion de génocide avec l’étude de celui des Arméniens en 1915, ce qui permet de mieux comprendre l’organisation des génocides des Juifs et des Tziganes ainsi que la persécution d’autres minorités. À l’échelle européenne comme à l’échelle française, les résistances s’opposent à l’occupation nazie et à la collaboration. Dans le contexte du choc de la défaite de 1940, la Résistance militaire et civile agit contre le régime de Vichy négateur des valeurs républicaines. (Source Eduscol).
La Shoah peut ainsi être étudiée dans le cadre du continent européen et de celui de la France, à partir d’entrées choisies par le professeur (les enfants cachés, le rôle des Justes, les ghettos, la résistance juive …).
Au collège, nombreux sont les professeurs qui s’engagent avec leurs élèves dans un travail de micro-histoire, à la découverte des parcours familiaux, grâce aux archives. La recherche et la rédaction de biographie de déportés du Convoi 77 permet de les familiariser avec le travail de l’historien, soucieux du croisement des sources.
L’histoire de la Shoah et de sa mémoire prend désormais place en terminale dans le cadre du tronc commun. C’est dans le cadre du Thème 1, « Fragilités des démocraties, totalitarismes et Seconde Guerre mondiale (1929-1945) » que les élèves travaillent sur le nazisme, avec un PPO (point de passage et d’ouverture) consacré au vaste pogrom des 9-10 novembre 1938. La Shoah est étudiée dans le cadre de la guerre en Europe et en France (crimes de guerre, violences et crimes de masse, Shoah, génocide des Tsiganes). (Source Eduscol).
Les élèves n’ayant pas revu cette période depuis la classe de troisième, l’année de terminale est l’occasion de revenir sur un certain nombre de notions et concepts, en profitant de l’absence d’épreuve de bac en juin, pour favoriser les lectures d’articles, de livres, de témoignages, d’analyse de différents types de documents d’archives, afin qu’une base de solides connaissances leur permette d’appréhender la complexité de la période.
La réforme du Lycée a permis la création de spécialités, dont la spécialité HGGSP (Histoire, géographie, géopolitique, science politique) aborde la Shoah dans le cadre du thème 3, « Histoire et mémoires »
Chaque thème est organisé en deux axes, avec des jalons et un objet de travail conclusif.
L’étude de ce thème a un double objectif. Le premier est de montrer comment les conflits et leur histoire s’inscrivent dans les mémoires des populations ; le second est d’étudier quel rôle jouent la connaissance historique et la justice dans la manière dont les sociétés et les États se reconstruisent après des conflits majeurs.
Le second axe s’intéresse à la manière dont la justice se saisit des génocides et crimes de masse aux échelles locale, nationale et internationale. L’introduction « Histoire et mémoire, histoire et justice » permet de rappeler la différence entre histoire et mémoire, les notions de crime contre l’humanité et de génocide, et le contexte de leur élaboration. C’est dans cet objet de travail conclusif intitulé « L’histoire et les mémoires du génocide des Juifs et des Tsiganes » que l’histoire et la mémoire de la Shoah trouvent leur place. Les trois jalons sont consacrés aux lieux de mémoire du génocide des Juifs et des Tsiganes, à la question difficile de juger les crimes nazis après Nuremberg. Le génocide est également étudié à travers la littérature et le cinéma.
Des passerelles sont possibles lorsque les élèves inscrits en spécialité HGGSP suivent également la spécialité HLP (Humanités, littérature et philosophie), le thème « L’Humanité en question » s’y prêtant particulièrement, à travers les entrées Création (continuités et ruptures) et Histoire et violence (L’humain et ses limites).
En tronc commun, il est fréquent que le professeur d’histoire-géographie et le professeur de philosophie mènent un projet commun.
En classe de terminale technologique, les élèves travaillent dans le cadre du Thème Totalitarismes et Seconde Guerre mondiale. Ils étudient les notions de génocide et de crime contre l’humanité. le cas de l’Allemagne (idéologies, violences et résistances) ; les protagonistes et principaux théâtres d’opération de la Seconde Guerre mondiale, à l’échelle européenne et mondiale ; les crimes de guerre, violences et crimes de masse, les génocides des Juifs et des Tsiganes ; la France dans la guerre : le régime de Vichy, l’occupation, la collaboration, la Résistance ; les bases d’un nouvel ordre international (création de l’ONU, procès de Nuremberg et de Tokyo).
Chaque thème prévoit un cours général et un sujet d’étude au choix : le sujet B, « La Guerre d’anéantissement à l’Est et le génocide des Juifs » permet de comprendre comment l’évolution de la guerre à l’Est accélère la mise en œuvre du génocide des Juifs et en modifie les formes. (Source Eduscol).
Le tout, dans un cadre horaire extrêmement contraint (1h30 par semaine).
Les élèves de TST2S du Lycée Jean Bouin de Saint-Quentin ont réalisé un travail de recherche sur les familles juives de la ville.
Au Lycée professionnel
Les réformes successives ont très sévèrement amputé les horaires d’enseignement général des élèves, qui travaillent dans le cadre du Thème 2 « Guerres européennes, guerres mondiales, guerres totales (1914-1945) ». La notion de génocide est abordée à travers les déportations et massacres des populations arméniennes et d’autres populations chrétiennes, perpétré par l’Empire ottoman à partir d’avril 1915.
Les élèves étudient également le second conflit mondial qui « plonge le monde dans une guerre totale. Les belligérants s’appuient sur une intense propagande. Les populations civiles sont les principales victimes (bombardements, famines, travail forcé, répressions et persécutions). En Europe, le régime nazi, antisémite et raciste, et ses alliés organisent et mettent en œuvre les génocides des Juifs et des Tsiganes, et prévoient de réduire en esclavage les populations slaves de l’est de l’Europe ». (Source Eduscol)
Il est toutefois essentiel de signaler que des professeurs réussissent à proposer à leurs élèves de participer à des projets qui donnent des résultats de grande qualité : issus de différentes filières professionnelles des lycées Charles Péguy d’Eysines, Léonard de Vinci de Blanquefort et Marcel Dassault de Mérignac, les élèves ont travaillé ensemble à la réalisation d’une table d’orientation nommée « Camp de Mérignac-Beaudésert : un camp d’internement à Bordeaux ». Cette œuvre, élaborée dans le cadre de leur apprentissage, permet au public d’appréhender où se trouvait le camp par rapport à l’espace urbain actuel. En 2023, ce travail de mémoire a reçu le Prix Annie et Charles Corrin, qui récompense les travaux et les actions éducatives entrepris par des jeunes pour garder vivante la mémoire de la Shoah.