Le 19 mars 2023, la Grèce a commémoré le 80e anniversaire de la déportation des Juifs de Salonique. Une marche silencieuse s’est dirigée vers l’ancienne gare ferroviaire, où les convois débutèrent le 15 mars 1943 et envoyèrent plus de 46 000 Juifs à Auschwitz-Birkenau, soit presque la totalité des Juifs de la ville.
Pour commémorer leur mémoire, nous souhaitons partager l’histoire de notre camarade Annette Cabelli, qui avait témoigné à l’UDA en 2004.
Annette Cabelli est née à Salonique en avril 1925. Cadette d’une famille juive sépharade, son enfance est marquée par l’antisémitisme et la famine qui frappe la ville en 1942, tombée sous occupation allemande. Après avoir été contrainte de rejoindre le ghetto, Annette est déportée avec sa tante, sa mère et son frère aîné en mars 1943.
À leur arrivée à Auschwitz, sa mère est immédiatement gazée. Annette et son frère sont sélectionnés pour le travail. Tatouée du matricule 40637, elle est conduite à Birkenau où elle est affectée au revier et échappe aux multiples sélections. Avec l’aide de Mala Zimetbaum, résistante juive, elle est transférée à l’usine Union Werke où elle retrouve son frère. Le 18 janvier 1945 débute une marche de la mort, qui la conduit à Ravensbrück où la famine sévit plus durement encore. Elle se porte volontaire pour travailler au camp de Malchow où elle sera libérée le 2 mai 1945. Elle prend alors la décision de ne pas regagner la Grèce et d’émigrer en France. Ainsi, elle arrive à Paris le 25 mai 1945 avec son futur mari, Harry Cabelli, rencontré lors de l’évacuation. Ils sont conduits à l’Hôtel Lutetia avant d’être installés au dispensaire Rothschild de l’avenue Secrétan. Malgré les aides reçues, ils plongent ensemble dans une profonde dépression. Après de nombreuses épreuves, ils installent ensemble un atelier de confection. Ils eurent deux filles, Denise et Jacqueline, et un garçon prématurément disparu.
Dès la fin des années 1940, Annette Cabelli se rend rue Leroux pour rencontrer d’autres déportés, puis fréquente l’Amicale d’Auschwitz et notamment les « dames du jeudi ». Après une dure vie de labeur, elle choisit Nice pour y passer ses dernières années. Elle y témoigne auprès de très nombreux élèves et participe aux commémorations jusqu’à son décès en 2021.