Un drapeau représente une organisation, une collectivité. Il est doté d’une haute valeur. C’est le cas de nos drapeaux du fait de la tragédie et de la solidarité qu’ils symbolisent. Le porte-drapeau est toujours une personne éminente. L’Union des Déportés d’Auschwitz possède deux drapeaux tricolores au nom des associations qu’elle a réunies en 2003 : le drapeau de l’Amicale des Déportés Juifs de France, et celui de l’Amicale des Déportés d’Auschwitz-Birkenau et des camps de Haute Silésie.
Le drapeau tricolore brodé au nom de l’Amicale des Déportés d’Auschwitz-Birkenau et des Camps de Hautes Silésie, porte en son centre un emblème réunissant plusieurs symboles de la déportation : la tenue rayée des déportés sur laquelle est apposé le triangle rouge marqué d’un F qui désignait les déportés politiques français, traversé d’un barbelé. Il est surmonté du matricule 178284, selon une histoire rapportée par Bernard Fogiel, déporté avec ses deux frères et son père à Auschwitz-III Blechhammer. En 1944, au cours d’un bombardement qui endommagea l’usine dans laquelle leur kommando était affecté, des détenus ramassèrent des fils électriques. Accusés de sabotage ils furent défendus par le kapo Oschkor qui, en représailles, fut pendu avec deux Juifs turcs devant des milliers de détenus. A son retour, Bernard Fogiel rapporta cette histoire au docteur Uzan qui conçut un emblème qui se voulait symbolique de l’unité et de la solidarité de la déportation. Il crut se souvenir que le matricule d’Oschkor était le 178284 mais des recherches révélèrent qu’il s’agissait de celui de Markus Polak, Juif hollandais. Le matricule de Charles Oschkor était vraisemblablement le 178184.
L’autre drapeau est brodé au nom de la FNDIRP - Amicale des Déportés Juifs de France. Il porte en son centre un écusson similaire, composé cette fois de l’insigne des prisonniers politiques Juifs, et du matricule 42067. Son revers est bordé en yiddish, « Farband - Pour les Déportés Juifs de France ».
Depuis plus de vingt ans, Léon Sztal est le porte-drapeau de l’UDA, succédant à Jacques Altmann. Il se rend chaque année à des dizaines de commémorations. « J’ai commencé par aller à Beaune-la-Rolande, où fut interné mon père avant qu’il ne soit déporté à Auschwitz. Porter le drapeau de l’UDA est une manière d’aller sur sa tombe, lui qui n’en a pas. Au-delà de mon histoire personnelle, c’est un honneur et une responsabilité vis-à-vis de ceux qui m’ont confié ce drapeau. » Il se souvient de cérémonies pour plusieurs personnalités, dont celles en l’honneur d’André Verchuren, déporté résistant et celle d’Henri Pierret, capitaine des pompiers de Paris qui soulagea les souffrances des internés du Vel d’Hiv en leur distribuant de l’eau, le 16 juillet 1942, désobéissant aux ordres.
Aujourd’hui Armand Nesselrode le supplée régulièrement. Ce 27 janvier 2023, il portait le drapeau de l’UDA au square Edouard Vaillant et au ravivage de la Flamme à l’Etoile. « En 2005, j’ai eu l’honneur de remplacer Charles Palant, l’un des piliers de l’UDA et de la mémoire, et de porter le drapeau de la Flamme à l’Arc de Triomphe. Porter ce drapeau est pour moi un signe fort d’engagement. Ces emblèmes ne sont pas seulement un symbole funèbre, ils sont une marque d’espoir et notre présence est un moyen de raviver la mémoire ».