Le Mémorial de la Shoah de Drancy
Inauguré en septembre 2012 en présence du président de la République François Hollande, le Mémorial de la Shoah de Drancy est un lieu de mémoire et un musée complémentaire du Mémorial de la Shoah de Paris.
L’édifice fait face à la cité de la Muette : un ensemble de logements sociaux construits dans les années 30 et réquisitionné par les Nazis durant la Seconde Guerre mondiale pour en faire un camp d’internement des Juifs de France avant leur déportation massive.
80 000 Juifs ont été internés à Drancy, 64 000 ont été déportés. La plupart ont été assassinés dans les chambres à gaz d’Auschwitz-Birkenau. Le camp de Drancy a donc constitué un rouage essentiel dans le génocide des Juifs de France. Ce musée a été conçu pour raconter son histoire et plus généralement leur sort pendant la guerre.
Aujourd’hui la cité a retrouvé sa vocation initiale : loger des personnes d’origine modeste. Le Mémorial a donc été construit juste en face afin de respecter le lieu de vie et le quotidien de ses habitants. Les visiteurs de passage ont la possibilité de voir le bâtiment d’origine, le monument commémoratif et les plaques mémorielles et enfin le musée pour aller plus loin dans la compréhension de cette période tragique.
Historique
La mémoire du camp de Drancy a mis du temps à se construire. Pendant plusieurs décennies, on n’en trouvait aucune trace matérielle en-dehors de quelques plaques qui sont encore visibles. En 1963, un projet de monument commémoratif est lancé dans le cadre d’un concours. Le projet aboutit en 1976 avec l’inauguration d’une imposante sculpture en granit réalisée par l’artiste d’origine polonaise Shelomo Selinger, lui-même rescapé des camps. Un wagon du souvenir complète le monument en 1988. Chaque année, le Mémorial de la Shoah organise d’ailleurs des cérémonies commémoratives face à cet ensemble, au cœur de la cité et de la ville de Drancy.
Dans les années 90s, l’association fonds mémoire d’Auschwitz (AFMA) s’installe au rez-de-chaussée de la cité avec une exposition et un accueil. Mais il faut attendre les années 2000, et la reconnaissance officielle de la collaboration française dans la déportation des Juifs par Jacques Chirac en 1995, pour que le site de Drancy prenne un tournant majeur : le classement du site au titre des monuments historiques en 2001, puis la construction du musée en 2012.
Missions et caractéristiques du musée
De l’extérieur, le Mémorial de la Shoah parait moderne et imposant : il est l’œuvre de l’architecte suisse Roger Diener. Construit en hauteur, sur trois étages, il se caractérise par de larges baies vitrées panoramiques qui permettent d’observer l’ancien camp.
Contrastant avec l’histoire sombre du site, l’intérieur du musée est très lumineux et spacieux. Il est composé d’une collection permanente, d’une exposition temporaire et de salles de médiation destinées au public, et notamment aux scolaires. Le parcours proposé revient sur plusieurs aspects clefs du camp : sa construction, sa gestion, la vie quotidienne des internés, l’organisation des convois de déportation, les camps annexes parisiens, la fin du camp, le retour des déportés et la lente construction de la mémoire. Des maquettes réalisées par la Cité de l’Architecture et du patrimoine, des objets et documents d’archives, des graffitis réalisés par les internés de l’époque et des bornes de témoignage de survivants permettent d’apporter des éclairages complémentaires.
Le Mémorial revient enfin sur tout le contexte qui a permis de rendre cette tragédie possible : le projet génocidaire nazi, la collaboration redoutablement efficace avec le régime de Vichy et l’organisation logistique industrielle à l’échelle européenne.