Le mémorial de Sachsenhausen

À Oranienbourg, des initiatives ont été rapidement prises pour ériger un mémorial en mémoire des victimes du camp de concentration de Sachsenhausen.

Après la guerre, le site du camp n’étant pas accessible, il était prévu qu’un monument soit érigé sur une place centrale de la ville. Toutefois, pour des raisons financières, un appel d’offres a été lancé, mais sans aucune suite. Un autre appel d’offres lancé en 1950 pour un mémorial sur le site du camp de concentration a lui aussi été abandonné.

À l’automne 1951, l’association VVN (association pour les personnes persécutées par le régime nazi) a décidé de créer une commission de planification de mémoriaux pour préserver les vestiges et les traces, témoignages de la période nazie. En décembre 1953, le comité central du SED (parti socialiste unifié de la RDA) a mandaté le MfDG (musée sur l’histoire allemande de la RDA) de travailler sur des projets pour l’aménagement en musées des mémoriaux de Sachsenhausen et de Ravensbrück.

L’ancien site du camp de concentration était dans un état lamentable. L’ancien camp des troupes SS avait été utilisé par l’armée soviétique et par le KVP (le « parti populaire encaserné » de la RDA). L’ancien camp de prisonniers servait de lieu à disposition des casernes. Petit à petit, les baraques ont été démolies et le four crématoire dynamité. Bien que la police populaire encasernée ait érigé deux monuments en 1954 et en 1955 sur le site pour que des cérémonies commémoratives puissent avoir lieu, les destructions se sont poursuivies. Motivé par le 10e anniversaire de la libération du camp, le processus de planification des mémoriaux a toutefois été mieux enclenché. En 1956, le site a été ouvert aux visiteurs. La mise en place des plans définitifs s’est néanmoins poursuivie jusqu’en 1961. Bénéficiant d’une grande participation internationale, le monument et mémorial national de Sachsenhausen a pu ouvrir ses portes les 22 et 23 avril 1961. Le mémorial comprend un monument d’une hauteur de 40 mètres avec la statue « Befreiung » (« Libération ») de René Graetz, l’ancienne cuisine des prisonniers avec le musée du camp, le Musée International (« Museum des antifaschistischen Freiheitskampfes der europäischen Völker » : musée du combat des peuples européens pour la libération antifasciste), la Baraque 38 (« Museum des Widerstandskampfes und der Leiden des jüdischen Volkes » : musée de la résistance et de la souffrance du peuple juif), la « Station Z » avec les vestiges des fondations de l’installation mise en place pour perpétrer des meurtres de masse, ainsi que d’autres traces du camp de concentration. Pendant plus de trente ans, il s’agissait là des éléments centraux du mémorial.

À la fin de la RDA, le mémorial a peu à peu été réaménagé selon les recommandations d’une commission d’experts sous la direction de la nouvelle fondation pour les mémoriaux du Brandebourg « Stiftung Brandenburgische Gedenkstätten ». À l’été 1991, l’exposition sur le « combat pour la libération antifasciste » a été démantelée à la demande du directeur par intérim du mémorial en raison de sa partialité politique et de son insuffisance scientifique. En septembre 1992, un incendie a partiellement détruit la Baraque 38. Sur décision du comité de la fondation, un nouveau bâtiment du musée a été érigé à la place de l’aile de la baraque qui a brûlé et les traces de l’incendie ont été intégrées à l’exposition. En 1997, une exposition sur les « prisonniers juifs dans le camp de concentration de Sachsenhausen » a ouvert. Il s’agissait de la première exposition permanente dans le concept d’ensemble décentralisé qui compte désormais 13 expositions au total et qui intègre dans la présentation les bâtiments et vestiges conservés. Les visiteurs sont sensibilisés à différents aspects de l’histoire du site. L’exposition « Médecine et crimes » dans les anciennes baraques de l’infirmerie aborde par exemple les sujets des soins médicaux dans le camp de concentration et des expérimentations médicales effectuées sur les prisonniers du camp. Une documentation sur le mur du camp concernant la « Station Z » donne des informations sur différents meurtres de masse perpétrés dans le camp de Sachsenhausen. L’exposition sur « La ville et le camp » dans l’ancienne Tour E traite des multiples relations entre le camp de Sachsenhausen et la ville d’Oranienbourg ou la commune de Sachsenhausen. Enfin, dans l’ancienne inspection du camp, dans la Tour A et dans la maison du commandant, trois expositions sont consacrées aux criminels du camp et abordent des thèmes tels que leurs crimes, leurs motifs, leurs marges de manœuvre et leur responsabilité pénale.

Hermann Kaienburg