géographiquement et symboliquement contigüe au National Mall, à Washington. DC
Le 1er novembre 1978, le Président américain Jimmy Carter crée « La commission du Président sur la Shoah », présidée par Elie Wiesel, prix Nobel, rescapé de la Shoah, qui recommande dans un rapport la création d’un mémorial-musée national, d’une fondation pour l’éducation et d’un comité de conscience. En 1980, le projet fait l’objet d’un vote unanime du Congrès américain. Construit entre 1989 et 1993 sous la direction de l’architecte Ingo Feed, dont la famille a fui, en 1938, l’Allemagne nazie, le Mémorial s’impose rapidement comme une institution très puissante, référence dans le monde entier qui lie une fonction de commémoration et une fonction documentaire pour l’éducation, la recherche. Inséré parmi les grands bâtiments gouvernementaux du quartier, il en diffère sur le plan stylistique. Le parti-pris esthétique qui a prévalu est celui d’un bâtiment industriel, volontairement en rupture avec son environnement, pour évoquer la souffrance, la peur liées à l’Holocauste. Dans le hall des témoins, l’emploi des briques rouges rappelle les matériaux des usines de la révolution industrielle, soi-disant rationnelle, et par sa verrière déformée, les usages ultérieurs.
La collection permanente est installée sur trois étages et offre un récit chronologique de l’Holocauste : l’assaut nazi de 1933 à 1939, avec la montée du parti nazi, avec la Nuit de cristal, les lois de Nuremberg, l’invasion de la Pologne ; l’étage intermédiaire est dédié à l’histoire du processus génocidaire, de la ghettoïsation aux fusillades de masse jusqu’aux chambres à gaz. Les visiteurs disposent de ressources photographiques de première importance qui incluent l’invasion de l’URSS, la situation des Juifs de leur arrestation à leur anéantissement et des témoignages de survivants d’Auschwitz ; le troisième étage donne à voir la victoire des Alliés et la libération des camps, les efforts de résistance et de mise en sécurité d’une partie de la population juive.
Depuis son ouverture au public le 26 avril 1993, le mémorial a accueilli trente millions de visiteurs dont un tiers d’enfants. Plusieurs commémorations annuelles s’y déroulent mais le mémorial est surtout est un lieu de ressources de référence, en raison de l’investissement massif par les grandes sociétés informatiques dans le stockage, le traitement de données et leur communication. Le site internet du mémorial-musée est mondialement reconnu pour sa valeur scientifique. L’encyclopédie multilingue en ligne très consultée est devenue une référence. Un Centre d’études avancées de l’Holocauste a été créé en 1998, qui publie « Holocaust and Genocide Studies », en lien avec l’université d’Oxford. Depuis 1991, le musée-mémorial met à disposition des villes intéressées, des expositions itinérantes créées par ses services.
Au sein du hall du Souvenir, hexagonal, fait en verre translucide, les noms des camps de concentration et des sites d’extermination sont inscrits sur les parois et entourent une flamme éternelle du Souvenir devant une inscription du Deutéronome (4.9), « Seulement, prends garde à toi et veille attentivement à ton âme, tous les jours de ta vie, de peur que tu n’oublies les choses que tes yeux ont vues, et qu’elles ne sortent de ton cœur ; enseigne-les à tes enfants et aux enfants de tes enfants ». Les visiteurs peuvent allumer des bougies en signe de la vie renouvelée.
Le Registre Benjamin et Vladka Meed, des survivants de l’Holocauste, fondateurs du « Rassemblement américain des survivants juifs de l’Holocauste » a recensé plus de 196 000 noms de personnes et leurs familles. Un travail permanent se poursuit pour actualiser cette dimension essentielle du travail historique et de l’activité de mémoire.