Le parcours
Est né le 17 septembre1920 à Lublin en Pologne de Mathes et Jenta née BLUMENSTOCK. Avec ses parents, son frère et ses deux sœurs il quitte la Pologne en 1934 à cause de l'antisémitisme et s'installe à Paris 166, rue de Charonne dans le 11ème.
Pour fuir les rafles de 1941 il quitte Paris le 17 septembre, mais est arrêté à Pau pour franchissement clandestin de la Ligne de Démarcation et défaut de carte d'identité.
Source de la photo: Archives de la famille.
Il est condamné pour ces motifs à 15 jours de prison qu'il effectue à la Maison d'Arrêt de Pau à compter du 18 septembre 1941. «Hébergé» selon le chef de centre le 3 octobre à Gurs pendant quelques mois il est transféré le 19 janvier 1942 au 661ème GTE d'Idron (64), puis au 664 ème GTE de Saint-Georges-d'Aurac (43), d'où il envoie une carte postale à ses parents.
Il est ensuite transféré au 861ème GTE de Bourbon-l'Archambault. Ce GTE qui compte environ 250 travailleurs polonais est installé début mars 1942 pour l'exploitation des forêts environnantes en particulier vers Ygrande et Meillers.
Jacques GRYNBERG est pris dans la Rafle du 26 août 1942 et est interné au Camp du Textile à Prémilhat (03).
La Rafle du 26 août 1942
La Rafle de Juifs étrangers le 26 août 1942 dans les 40 départements de la Zone Libre est le pendant de la Rafle du Vel' d'Hiv' des 16 et 17 juillet en Zone Occupée.
Les deux rafles sont le résultat d'un accord signé le 2 juillet 1942 entre le général SS OBERG, commandant la police et le SD allemands, et René BOUSQUET, secrétaire général à la Police du gouvernement LAVAL.
En clair les Juifs étrangers ont été livrés aux nazis.
Le 3 septembre il est transféré en train de Montluçon (03) à Drancy.
Il est déporté le 14 septembre de Drancy à Auschwitz par le convoi N° 32.
Il fait partie des hommes sélectionnés à Kosel par une organisation parallèle concurrente de la SS, l'organisation SCHMELT . Il est transféré dans le camp de travail forcé pour Juifs de Peiskretscham, puis à Blechhammer où il travaille à la fabrication d'essence synthétique jusqu'en janvier 1945. Suite à l'offensive soviétique les 4000 prisonniers du camp sont évacués en marches forcées. Nombreux sont les déportés qui succombent avant d'arriver à Gross Rosen. Quelques jours plus tard les survivants sont entassés dans des wagons découverts. Le train est bombardé. Répit à Buchenwald où ils passent la quarantaine au Petit Camp avant d'être envoyé au kommando de Wansleben.
En avril 1945 nouvelle évacuation au cours de laquelle il réussit à s'évader et à retrouver les Américains.
A son retour il retrouve son père qui a réussi à se cacher dans une cave grâce à son patron non juif, mais il apprend que ses sœurs Marie (27 ans) et Zelda (24 ans) ont été arrêtées dans la rafle du Vel'd'Hiv et déportées à Auschwitz par le convoi N° 12 du 29 juillet 1942. Son frère Henri 28 ans a été déporté à Sobibor par le convoi N° 53 du 25 mars 1943, sa mère Jenta 57 ans a été déportée à Auschwitz par le convoi N° 72 du 29 avril 1944. Aucun n'est revenu.
Dès son retour des camps, Jacques GRYNBERG participe à la création de l'Amicale d'Auschwitz, puis est actif au sein de la Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP). Il en sera le président dans le 20ème arrondissement. Il participe également à la fondation de l'Association Fonds Mémoire d'Auschwitz (AFMA) et du Comité «Ecole de la rue Tlemcen» en mémoire des enfants juifs assassinés du 20ème arrondissement de Paris.
Fidèle aux idéaux familiaux, il milite au Parti Communiste Français et s'engage dans les années 1950 contre la bombe atomique, puis contre la guerre en Algérie.
Dés 1964, il développe sans discontinuer un travail de témoignage sur la Shoah dans les universités, lycées, collèges et écoles.
Il œuvre aussi pour le rapprochement franco-allemand et organise avec la CIMADE et l'organisation allemande ASF(Action Signe de Réconciliation Services pour la Paix) au début des années 1980 des séminaires de réflexion en France, en Allemagne et en Pologne où des jeunes des différents pays peuvent se rencontrer.
Parallèlement, il s'investit dans le conseil de quartier de son lieu d'habitation où il s'attache à préserver l'identité populaire du Quartier de Ménilmontant à Paris, en participant aux multiples activités associatives de proximité.
Il lie son implication dans le combat quotidien de ce quartier à la transmission de la Mémoire de la Déportation et de la Shoah.
Désormais, suite à la délibération du Conseil du 20ème arrondissement du 30 janvier 2007, un jardin public situé au carrefour des rues des Amandiers et Fernand Léger (20e) porte son nom.
Il décède le 30 octobre 2004.