Pérégrinations d’un enfant juif de 1939 à 1945

Pourquoi lire ce livre ?
Pour en savoir plus, beaucoup plus, sur la vie des Français à la fin des années 30 et au début de la guerre (parisiens, lyonnais, paysans du Lot-et- Garonne…) Albert, particulièrement observateur, décrit avec une verve emprunte d’émerveillements enfantins les détails de la vie quotidienne des hommes, femmes, enfants, l’animation des rues.
Pour s’identifier à un jeune garçon, 7 ans, 8 ans, 9 ans… sans cesse déplacé d’abord comme tous les écoliers parisiens, puis avec ses parents pour échapper à la traque dont les Juifs faisaient l’objet. Pour comprendre comment la conscience d’un danger de mort s’est imposée chez ses parents puis chez un enfant dont le lecteur partage les angoisses ; pour vivre avec eux les moments intenses ou sa mère réussit à tromper in extremis contrôleurs ou gendarmes ; pour, avec lui, décerner des brevets de reconnaissance à ceux qui l’ont sauvé – bénévolement contre rétributions méritées, contre arrangements financiers avec de douteux passeurs, logeurs, concierges, commerçants, accompagnatrices vers la Suisse de groupes d’enfants qui ont pris des risques pour éviter son arrestation ; pour, s’interroger sur son père dont les intuitions, le courage et l’art du bluff, face aux collaborateurs et aux nazis qui l’ont arrêté puis relâché furent décisifs dans la survie d’Albert ; pour admirer sa mère qui, alors que des situations semblent désespérées, imagine avec aplomb et audace des échappatoires trompant ainsi contrôleurs et gendarmes qui, bravant les dangers, organise un Comité de résistance clandestin regroupant les Juifs qu’elle connaissait à Lyon ; pour partager l’angoisse du danger de mort qui finit par s’imposer à chaque instant à l’enfant de 11 ans jusqu’au moment où dans le no man’s land entre les barbelés des frontières française et suisse, les gardes suisses crient à la patrouille allemande qui a repéré le petit groupe, qu’il s’agit d’enfants, de ne pas tirer. Pour imaginer Albert qui, manquant à nouveau de chance en Suisse, faute de famille pour l’accueillir, subit la discipline quasi militaire de maisons d’enfants et ne cesse de s’inquiéter du sort de ses parents. Pour connaître les dernières péripéties d’un parcours qui conduit Albert à Paris où il retrouve sa mère et son père, coiffeur des soldats américains, puis son départ avec sa mère pour respirer le bon air de la campagne dans un village du Lot-et- Garonne où le 8 mai 1945 les cloches du village sonnent à toute volée.
Rédigées par Annette Wieviorka, amie d’Albert, une préface et une biographie complète d’Albert introduit son propos.
Claude Dumond, Après Auschwitz, n°355-356, Juillet – Septembre / Octobre – Décembre 2021