Survivre dans les camps

« En tout cas, dans un premier temps, partout, même dans un camp de concentration, on met de la bonne volonté à toute nouvelle activité - moi, du moins, c'est l'expérience que j'en avais : d'abord devenir un assez bon détenu, l'avenir fera le reste - voilà en gros comment je comprenais les choses, c'est là-dessus que je fondai mon comportement, de la même façon, d'ailleurs, que je voyais les autres le faire. » Imre Kertész « Être sans destin ». 


Tous les survivants de la déportation ont relaté l’angoisse et la difficulté de l’arrestation, du voyage vers les camps, le plus souvent effectué dans des wagons à bestiaux ou de marchandises, la pénibilité du trajet dans des conditions d’hygiène déplorables vers une destination inconnue. La promiscuité, les excréments, les défaillances voire les décès de certains compagnons d’infortune ont contribué à rendre particulièrement difficile ce déplacement. Malgré les différences d’âge, de sexe, de profession, malgré l’importante distinction qui existe entre des adultes, conscients des raisons pour lesquelles ils sont déportés et des familles, des enfants en bas âge, des vieillards, déportés en raison de leur appartenance à la communauté juive ou tsigane, tous se retrouvent dans la même situation à leur descente du train. Les hurlements des SS, les coups, l’incertitude des premiers instants. Si dans la plupart des centres de mise à mort de Pologne, les déportés juifs et tsiganes sont dans leur grande majorité assassinés par le gaz dès leur arrivée, lorsqu’ils parviennent à Auschwitz, les hommes et les femmes en âge de travailler font l’objet d’une sélection par les SS afin d’intégrer le complexe concentrationnaire et ses nombreux camps et sous-camps. Les autres, hommes, femmes et les enfants jugés les plus faibles ou les plus fragiles par les SS sont dirigés directement vers les chambres à gaz.
Les hommes et les femmes victimes de la répression sont accueillis avec la même brutalité que les déportés victimes des persécutions antisémites, mais ils ne subissent pas la sélection pour la chambre à gaz. Tous entrent dans le camp et subissent le traitement réservé aux nouveaux arrivés : ils sont dépouillés de tous leurs biens personnels, rasés intégralement, dotés de vêtements de bagnards (uniformes rayés ou habits civils barrés de signes visibles). Ils sont immatriculés et dotés d’un signe distinctif, triangle de couleur ou étoile de David, avec leur matricule (seuls les détenus d’Auschwitz ont leur numéro tatoué sur la peau). 
Après une période de quarantaine, destinée à éviter la propagation des épidémies, les déportés sont confrontés à la réalité de la vie ou plutôt de la survie dans le camp. Logés dans des Blocks, ils dorment dans des châlits sur de mauvaises paillasses dotés de couvertures dérisoires, à plusieurs par niveau. Confrontés à des conditions d’hygiène déplorables, au risque d’être exposés aux maladies contagieuses (dysenterie, typhus, tuberculose, etc.), les déportés, hommes et femmes, sont déployés dans des Kommandos de travail à l’intérieur ou à l’extérieur du camp principal, voire transférés dans des camps annexes. La durée, la pénibilité des journées de travail, la violence permanente des Kapos et des SS, la l’inanité des rations alimentaires, la brièveté des nuits, les longues séances d’appel, le froid hivernal, la chaleur estivale, la soif sont autant de données qui pèsent lourdement sur la capacité de survie des déportés. La maladie et la mort sont omniprésentes. Les accusations de sabotage ou de tentatives d’évasion, réelles ou non, conduisent à la potence. Les Juifs sont plus particulièrement visés, à Auschwitz comme dans les autres camps. Dans ces conditions difficiles, la solidarité est mise à rude épreuve mais elle permet de tenir, des  et malgré tout des formes de résistance parviennent à se mettre en place. Dans les derniers mois de la guerre, entre la fin de l’année 1944 et le printemps 1945, les survivants de ce système concentrationnaire sont contraints de se déplacer, en raison de la progression des troupes alliées, à l’Est comme à l’Ouest, vers d’autres camps situés au cœur du Reich, dans des conditions particulièrement difficiles. Les pertes y furent tellement importantes que l’on parle souvent des « marches de la mort » lorsque l’on évoque ces déplacements forcés. 
 

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