Lexique

Le présent lexique met en évidence une liste de termes en rapport avec la déportation et la Shoah. Il permet également de saisir certaines spécificités du "langage des camps".

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Lagerältester
Détenu, responsable du camp.


Lagerfriseur
Coiffeur dans le camp.


Lagerführer
SS, responsable du camp.


Langue des camps
Dans les camps où nationalités et langues différentes se cotoyaient, les prisonniers inventèrent des termes communs pour qualifier les situations partagées du quotidien.


Latrines
Block ou salle dans un block, où les déportés étaient obligés de faire leurs besoins collectivement, durant de courts moments, le matin et le soir.


Lauskontrolle
Contrôle des poux. Périodiquement, les déportés devaient épouiller leurs vêtements et leur corps. Certains évoquent le «Lausappell », « l'Appel des poux ». Dans les conditions sanitaires extrêmement dégradées qui leur étaient imposées, ce rituel paraissait bien peu utile et était l'occassion de brimades.


Marches et trains de la mort
Evacuations forcées des déportés, décidées par les SS devant l'avancée des troupes alliées, effectuées à pied et/ou par wagons ferrovaires. Elles furent particulièrement meurtrières.


Meister
Contremaître civil, chargé du suivi du travail et de sa qualité.


Muselman
Terme utilisé dans les camps pour désigner les déportés exténués à l'extrême, physiquement et psychiquement et proches de la mort. (Voir « Langue des camps »).


Mütze
Couvre-chef des prisonniers en forme de béret.


Nacht und Nebel / Nuit et brouillard
Par l’internement dans les KL du système concentrationnaire, la police politique (Gestapo) pouvait arbitrairement décider du sort des individus, sans le moindre jugement. Mais dans certains cas, surtout lorsque l’arrestation n’était pas le fait de la Gestapo, des tribunaux allemands, civils ou militaires, étaient appelés à prononcer un jugement et, la plupart du temps, condamnaient à mort l’accusé.

 Dans ce cas, les prévenus, ceux des condamnés qui avaient échappé à la peine capitale et les condamnés à mort en attente d’exécution, étaient internés dans des prisons ou des forteresses. A certains s’appliquait la rigueur de la procédure N.N. (Nacht und Nebel, Nuit et Brouillard) : par un décret en date du 7 décembre 1941, le Maréchal Keitel, commandant en chef de la Wehrmacht, stipulait que, pour effrayer la population des pays occupés de l’Ouest, il convenait de la tenir dans l’ignorance quant au sort des personnes arrêtées, certains détenus devaient être transférés en territoire allemand d’où ils ne pourraient donner signe de vie, et disparaîtraient dans « la Nuit et le Brouillard ».

 Les détenus NN en attente de comparution tombèrent eux aussi sous la coupe de la SS : ils furent incarcérés dans le KL Natzweiler et dans le SS Sonderlager Hinzert. Ce « camp spécial de la SS », contrôlé ensuite par le WVHA devint un Kommando extérieur de Buchenwald. D’autres après un passage au camp de Neue Brem (Sarrebruck) furent dirigés vers les grands camps de concentration Buchenwald, Dachau, Mauthausen, Sachsenhausen où ils conservaient un statut spécial.


Oberaufseherin
SS, surveillante en chef.


Organiser
Dans le vocabulaire des détenus : troc, trafic, débrouille, « système D », vol.


Piepel
Nom donné à de très jeunes détenus, obligés de servir les chefs de block ou les Kapos et qui étaient souvent abusés sexuellement.


Prisonnier de fonction
Prisonniers, hommes et femmes, investis par les SS de fonctions : dans le camp, dans les Blocks, dans les Kommandos de travail, etc.. (Kapos, Stubedienst, Blockowa, etc…). Ils constituent une hiérarchie parallèle soumise à la SS et dont le pouvoir s'exerce sur les autres prisonniers.


Programme « T4 »
Improprement associée au terme d' « euthanasie », l'Aktion T4 fut un programme criminel d'assassinat des handicapés physiques et mentaux, mis en œuvre par les nazis en Allemagne – à l'insu des familles – à partir de 1939 ("T4" fait référence au 4, Tiergartenstrasse à Berlin où se situait le bureau qui coordonnait le programme). Les assassinats furent pratiqués dans 6 centres situés en Allemagne : Bernburg, Brandenburg, Grafeneck, Hadamar, Hartheim et Sonnenstein.

Eventé, le prgramme entraîna de vives protestations notamment de la part de l'évêque de Münster, Von Galen, en août 1941 ; protestations qui contraignirent les nazis à cesser les assassinats. Cependant, ils relancèrent rapidement un autre programme du même type qui fut conduit jusqu'à la fin de la guerre, dans le plus grand secret.
Dans la première phase, entre 1939 et 1941, on estime qu'environ 70 000 personnes furent ainsi assassinées. En 1945, lors des Procès de Nuremberg, le nombre de victimes fut estimé à 275 000.

Ce programme a été considéré comme une préfiguration du passage à l'acte de l'assassinat massif des Juifs : par l'implication des médecins et des experts – certains médecins furent présents dans les deux programmes d'assassinat – et par les méthodes similaires de tuerie employées (camions-chambres à gaz, chambres à gaz, incinération des corps pour effacer les traces).